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  • Daniel KABUTO

Le CNARED jette l'éponge et se rend!


Les membres du CNARED qui veulent rentrer participer aux élections de 2020

Exit CNARED, la plateforme de l'opposition burundaise en exil. L'annonce de la décision du retour au bercail des ténors pour participer aux élections de 2020 est tombée comme un coup de massue sur la tête de ceux qui croyaient en son activisme, en la justesse de son combat.

Il faut reconnaître que cette plateforme ne faisait pas de politique mais se fourvoyait surtout dans des querelles de poulailler et confondait son terrain d'action avec celui des membres de la société civile qui en étaient membres au départ.

A la recherche du temps perdu ?

Le CNARED, c'est 4 ans sous perfusion financière de l'Union Européenne. C'est 4 ans de piètre résistance surtout médiatique. C'est 4 ans de quête de stratégie en faisant du surplace, en se trompant de terrain et de rôle. Et pendant ce temps, 4 ans de désespoir voire de résignation pour le peuple soumis à un régime de terreur et de gangsters impénitents.

Sous un autre angle, c'est 4 ans de jeu de dupes entre le président Nkurunziza et l'Union Européenne. La Communauté Est-Africaine et l'Union Africaine, ce sont des bureaucraties et des pions des maîtres du monde ou de leur théâtre d'influence ou lobbying.

D'aucuns parlaient même de combat sournois entre David et Goliath avec la population burundaise interposée. Une manière de souligner que quand les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent.

Et comme si de rien n'était, le CNARED met un terme à son exil. Comme si ses membres influents venaient de se réveiller, de se rendre compte du fossé entre leurs appétits et l'assiette garnie dont profite Nkurunziza !

Et l'Accord d'Arusha dans tout ça ?

Au mépris de l'Accord d'Arusha, le président Nkurunziza a rempilé pour un troisième mandat. Il a verrouillé le paysage politique et médiatique, il a instauré une dictature comme celle d'avant la Conférence de la Baule. En caressant la corde ethnique pour manipuler la majorité des Hutus, Nkurunziza exploite de façon cynique l'apocalypse de 1972 pour réduire les revendications du CNARED à des foutaises. On ne retient pas les larmes ce qu'on a échoué à conserver par les armes.

A force de manifestations à tout-bout-de-champ, Nkurunziza s'est donné en spectacle par son parti interposé pour narguer la communauté internationale. La Chine, la Russie et bien des pays arabes ont aimé le stratagème et caressaient le dictateur burundais dans le sens du poil. Vint s'y ajouter la France avec son offre de reprendre la coopération bilatérale. La grande désillusion pour le CNARED ? Les carottes étaient cuites depuis belle lurette.

A défaut de dialogue franc, le choix avait été celui des conciliabules, de la compromission. Ce fut la cause profonde des défections, des communiqués de la honte, des radiations, des guerres de succession comme pour la mangeoire dans le Gondwana.

Mais alors, qui va rentrer et qui va rester?

On peut poser la question autrement : rester en exil pour quoi faire? Rentrer pour quoi faire? Est-ce possible de sauver les meubles ? Alice Nzomukunda aura eu une longueur d'avance sur Jean Minani et consorts. Elle a vite compris que la plateforme était sans issue. Un concert de mea culpa de politiciens rentrant d'exil va occuper la une du plateau de la RTNB.

L'Accord d'Arusha a vécu, comme la transition. Le Burundi a une nouvelle constitution comme un nouvel habit du président Nkurunziza. Le scénario de Joseph Kabila et sa marionnette Félix Tshisekedi en RDC n'est même pas envisageable. Nkurunziza n'en aura pas besoin. Comme disent les militants du parti au pouvoir, les élections sont déjà terminées, il ne reste que le dépouillement des bulletins de vote!

Pour preuve. Les récalcitrants qui ont osé commettre le crime de lèse-majesté en vendant leur âme à l'ancien rebelle Agathon Rwasa le paient déjà cher. Leur sang coule et le gouvernement détourne le regard comme le pharisien des Evangiles. Certes, le CNARED n'a jamais été le bon Samaritain que Rwasa attendait. Un cheval de Troie qui ne parvient pas à pénétrer dans la ville par la ruse n'est bon que pour le bûcher.

A quelque chose malheur est bon...

L'annonce du CNARED tombe à pic pour bien des chancelleries occidentales. La Belgique peut espérer enfin le retour d'un ambassadeur de Nkurunziza à Bruxelles. Les Pays-bas ont hâte de normaliser les relations. L'Allemagne va en déduire que l'heure est à la préparation des élections pour ouvrir de nouveau le robinet de la coopération.

Et cette manne, Nkurunziza l'attend de pied ferme car les ONG étrangères ont été mises au pas. Car durant ces 4 années, Nkurunziza a balisé. Il n'est pas sorti du pays. Il a quadrillé pour que tout tombe entre les griffes de l'aigle! Toute voix discordante et susceptible de déranger ses intérêts sera étouffée dans l'indifférence ostentatoire des bailleurs de fonds. De peur de provoquer l'ire du Manitou, une bête politique à ne plus sous-estimer, les Occidentaux vont lui trouver des excuses.

Le retour du CNARED n'est sans doute pas la fin de la résistance des Burundais contre le régime mafieux et sanguinaire de Nkurunziza. Grosso modo, les ténors du CNARED qui vont rentrer le feront par opportunisme. Au profit du président Nkurunziza et jamais de l'intérêt national. Au moins les masques vont tomber.

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