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Burundi: le pouvoir ravive sournoisement l’aversion des tutsis via REMA-FM


Aujourd’hui plus qu’hier, la radio pro-régime REMA-FM semble avoir pris l’option de durcir le ton en tournant le couteau dans la plaie encore béante de l’ethnisme au Burundi. Par le biais de son émission «Akabirya», les sbires du régime se succèdent en effet à l’antenne pour désigner du doigt l’ennemi public numéro un des hutus à savoir le «tutsi».

Pour clouer les tutsis au pilori, le discours haineux quotidiennement distillé par REMA-FM (médium du parti au pouvoir) évoque pêle-mêle les événements de 1972 et de 1993 où des milliers de hutus auraient péri comme des mouches, hachés par des tutsis ou d’autres hutus de service.

Comme si l’heure est à la revanche pour les hutus, certains tutsis sont particulièrement ciblés et culpabilisés à l’envi. Le cas le plus emblématique est notamment celui d’un certain Clément Nkurunziza, détenu depuis plusieurs mois au nord du Burundi (Ngozi). Il est injustement accusé d’avoir orchestré des massacres d’étudiants hutus à l’Université(1995).

Voici ce que déclare sur lui Philippe Ngendakumana, journaliste et l’une des plumes vénéneuses sur les tutsis du Burundi.

«Placé sous écrou à Ngozi après expulsion des USA en mars 2018 pour “séjour irrégulier », l’ancien président de l'Association des Etudiants de Rumuri, Clément Nkurunziza serait l’un des cerveaux des tueries du 11 juin 1995 à l’Université du Burundi (une centaine de victimes)».

Dans la foulée, le même journaliste rappelle les noms de certaines victimes hutues de ces tragédies. Il évoque notamment l’ancien journaliste de la radio nationale, Pamphile Simbizi. «C’est l’un des nombreux Hutu intellectuels, victimes du phénomène des «Boar», (sanglier en anglais), terme par lequel les miliciens - pour la plupart de jeunes Tutsi- désignaient les Hutu à tuer ou lâchement assassinés après octobre 1993 (kula boar)».

Aucune allusion n’est faite sur les centaines de milliers de tutsis cycliquement tués par des hordes des hutus déchainés.

De tels exemples sont légion et ceux qui les évoquent aujourd’hui, à la veille d’un rendez-vous électoral annoncé, n’ont certainement d’autre but que de diviser. Titiller la conscience hutue pour mieux poursuivre, sinon parachever le plan macabre qui ne dit pas toujours son nom.

Le discours haineux et incendiaire est tellement ostentatoire que certains acteurs de la société civile appellent déjà la réaction du Conseil national de la communication (CNC).

«Ce qui se passe à la radio Rema FM lors de l'émission Akabirya est une honte pour le pays. On invite des gens issus d'une même école de pensée qui s'adonnent à des insultes contre des politiciens et d'autres personnalités qui ne partagent pas le même avis avec le pouvoir en place. C’est regrettable qu'au 21ème siècle que des propos haineux et divisionnistes incitant les Burundais à se haïr puissent être tenus dans une radio », a vertement réagi Faustin Ndikumana, président de l’Association PARCEM (Paroles et actions pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités.

«Ce qui fait peur est que le CNC ferme les yeux sur ces propos haineux qui passent au quotidien alors que lorsqu'il s'agit de prendre des décisions pour d'autres médiums indépendants il se précipite pour des fautes mineures. L'exemple est la voix de l'Amérique et la BBC qui restent fermés et d'autres médiums comme Isanganiro et Iwacu qui sont menacés de sanctions mais malheureusement le CNC n'appelle jamais à l'ordre les medias pro-pouvoir qui continuent à diffuser des messages de haine », conclut-il.

Dans tous les cas, l’autorité de régulation des médias locaux devait se saisir de la question pour recadrer REMA-FM.


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