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Benjamin Mkapa est parti: Bujumbura avance à toute vitesse


Benjamin Mkapa, ex- président de la Tanzanie et ex facilitateur dans le dialogue inter burundais

Le départ de M. Mkapa est inquiétant et ne doit pas être pris à la légère. En l’absence d’un processus qui laisse entrevoir l’espoir d’une résolution à l’amiable des problèmes insolubles du Burundi, des forces radicales vont probablement s’intégrer davantage.

L’opportunité du Burundi et de l’Afrique de l’Est dans cette crise réside dans le dialogue; il devrait être saisi parce que c'est tout ce qu'il y a.

La décision prise le 9 février par l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa de renoncer à son rôle de facilitateur du dialogue de paix inter burundais a été une nouvelle déprimante mais pas totalement surprenante.

Le 1er février, Mkapa, livide, avait déclaré au sommet des chefs d'État de la CAE à Arusha qu'il avait abandonné parce que les autorités burundaises n'avaient pas démontré un engagement suffisant à l'égard du processus de paix et qu'elles avaient boycotté quelques rounds de négociations.

Bujumbura avait organisé un référendum dans lequel elle supprimait les limites du mandat présidentiel et prolongeait le mandat présidentiel de cinq à sept ans. Le régime de Bujumbura avait unilatéralement décidé d’opérer tous ces changements et n’a même eu la courtoisie de consulter le facilitateur. Le cas échéant, il avait procédé à une obstruction systématique du processus en envoyant des délégués démunis d’ancienneté et d’autorité suffisante pour prendre des décisions contraignantes.

M. Mkapa a ensuite rendu le bâton du facilitateur au négociateur en chef Yoweri Museveni. Les efforts de ce dernier visant à transmettre le dossier du processus de paix burundais au nouveau président du sommet de la CAE, Paul Kagame, ont été stoppés par la décision du président rwandais de se maintenir à l’écart de cette question. Le processus est maintenant plus compliqué qu’au début, car il a depuis acquis une dimension externe.

D'une part, Bujumbura accuse le Rwanda d'avoir attisé les troubles au Burundi et va même jusqu’à tirer des salves contre la CAE l’accusant de s'immiscer dans ses affaires intérieures.

Le rejet des efforts de M. Mkapa par Bujumbura semble être du aux efforts du médiateur qui visaient que la nouvelle constitution du Burundi, adoptée par référendum en 2018, soit dans l’esprit de l’Accord d’Arusha de 2000 qui a instauré la paix et qui a maintenu le calme au pas pays jusqu’au moins en mai 2015.

Le président Pierre Nkurunziza et sa coalition au pouvoir ne voient pas la nécessité de répondre aux préoccupations des autres partis au sujet des modifications de la Constitution car, selon eux, c’était la décision du peuple burundais.

Le départ de M. Mkapa est inquiétant et ne doit pas être pris à la légère. En l’absence d’un processus qui laisse entrevoir l’espoir d’une résolution à l’amiable des problèmes insolubles du Burundi, des forces radicales vont probablement s’intégrer davantage. À l'instar de la région, Bujumbura devrait s'intéresser au dialogue en tant que moyen de résoudre la crise politique car il n'y a pas d'alternative viable.

De plus, sa querelle avec le Rwanda doit être rapidement résolue afin que le problème interne soit examiné pour ce qu'il est. Une résolution de la crise interne au Burundi pourrait par conséquent réduire, voire éliminer, certains des soupçons concernant le Rwanda ; car il faut le dire, il y a une sorte de projection des frustrations interne que le régime de Bujumbura fait sur le Rwanda.

Jusqu'à présent, le dialogue a été déséquilibré. Bujumbura a exprimé son désaccord avec ce que les autres proposent mais n'a pas mis sur la table ses propositions. Bujumbura doit indiquer les domaines d’accord avec ses opposants tout en laissant la porte ouverte à la poursuite des négociations sur les questions en suspens. Sans cela, le sommet spécial que Bujumbura a demandé pour discuter de ses différends avec Kigali, a peu de chances d’être productif. Les intransigeants doivent également être retirés de l'équation.

Il ne fait aucun doute que l'Afrique de l'Est est désireuse de résoudre la crise burundaise. En effet, la crise dans cette région a eu un lourd tribut en conséquences humaines et aggravé les maux de tête de ses voisins en raison d’un nombre de réfugiés qui ont quitté le Burundi pour des voisins. L'instabilité coûte également très cher à la région en termes de confiance des investisseurs.

L’opportunité du Burundi et de l’Afrique de l’Est dans cette crise réside dans le dialogue; il devrait être saisi parce que c'est tout ce qu'il y a.


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