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  • PETER MUNAITA - Twitter: @pmunaita

L'héritage de Nkurunziza: un pays qui préfère mourir que de demander l'aide dont il a besoin


Nkurunziza Pierre en campagne de son parti CNDD-FDD

À chaque occasion, le président burundais Pierre Nkurunziza rallie son pays de 11,8 millions d’habitants autour de l’idée que, malgré l’isolement accru par les donateurs d'aide et de la communauté internationale, le gouvernement continue de gérer ses affaires sans interruption.

Le 1 juillet, la date a laquelle le pays a célébré l’indépendance du pays qui fut sous tutelle de la Belgique, n’était pas différent.

Le président Nkurunziza a déclaré que des infrastructures clés porteraient désormais les noms de hauts responsables politiques hutus, y compris son conseiller, le général Adolphe Nshimirimana tué en 2015.

Il a également évoqué le thème de l'autosuffisance, affirmant que le gouvernement financerait plus de 80% de son budget de 825 millions de dollars pour l'année en cours à partir de sources de revenus internes, contre 60% pour l'exercice clos en juin 2019.

Le Guide suprême éternel - comme l'appelle son parti depuis mars 2018 - s'est ensuite tourné vers les élections générales de 2020, qui nécessitent 38 millions de dollars, alors que 17 millions de dollars seulement avaient été collectés jusque vers la fin de 2018.

BESOIN D'ARGENT

Le thème de l'autosuffisance, cependant, est davantage destiné aux oreilles de la communauté internationale qu'aux Burundais. En privé, le président Nkurunziza sait que le pays a désespérément besoin plus d’argent que les 8 millions de dollars générés par les contributions forcées sur la population depuis 2017 pour financer les élections de 2020.

Cependant, si on regardes les autres domaines de la vie nationale, la situation au Burundi est plus que catastrophique. Près de 1,8 million de personnes sont confrontées à l'insécurité alimentaire, tout d'abord en raison de l'impact du changement climatique sur les cycles agricoles, mais aussi du fait de la hausse des prix des denrées alimentaires et du chômage.

L'accès à la nourriture sur le marché local est sévèrement limité après l'interdiction par le Burundi du commerce de produits alimentaires avec ses voisins, ce qui explique pourquoi le budget de cette année vise l'amélioration de l'agriculture et de la santé alimentaire.

Avec une croissance démographique de 3,23% (la quatrième en importance au monde), des dépenses militaires s'élevant à 56,3 millions de dollars (10% du budget) en 2017, une croissance économique stagnante, le retour des réfugiés (donc plus de bouches à nourrir) et l'isolement mondial, le Burundi mettra un certain temps à se remettre de l'impact du conflit de 2015 . En conséquence, deux personnes sur trois vivent dans la pauvreté absolue.

"La résistance persistante des donateurs et de la communauté internationale limitera la croissance économique du Burundi, le pays étant confronté à un important déficit de son compte courant", indique le CIA World Factbook.

En 2017, le pays a exporté des marchandises d'une valeur de 120 millions de dollars contre des importations de 604 millions de dollars. Ses réserves de change de 97 millions de dollars sont à peine suffisantes pour couvrir deux mois d’importations par rapport à un repère de trois mois et demi de la Communauté de l’Afrique de l’Est.

Pour le moment, le pays fortement endetté (610 millions de dollars, soit 52% du PIB) tire ses revenus du café, du thé et de ses soldats affectés aux missions de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine et en Somalie, grâce auquel il gagne 13 millions de dollars une année.

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