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Le CNDD-FDD fait face à une implosion, que Nkurunziza reste ou parte en 2020


Le cercle des puissants tenors du CNDD-FDD

Malgré toutes les affirmations de son porte-parole, les intentions de Nkurunziza concernant sa candidature en 2020 ne sont toujours pas claires. Et cela ajoute un élément volatile à une situation qui est déjà tendue. Bien qu'il ait annoncé sa démission en 2020, de nombreux acteurs burundais et internationaux ne le croient pas.

En effet, certains des cercles les plus périphériques de la coalition au pouvoir commencent à exprimer le souhait de voir Nkurunziza se représenter à un autre mandat. Même s’il s’agit peut-être d’expressions de flagorneurs voulant s'attirer les sympathies d'un président connu pour sa flambée sur la flatterie; ils pourraient aussi très bien constituer les premiers signes d’une tactique éprouvée consistant à se cacher derrière la «volonté du peuple» pour s'accrocher au pouvoir.

Depuis 2015 et même avant, de hauts responsables de son parti (CNND-FDD), y compris de l'armée, se sont vivement opposés à ce qu'il préside le Burundi à perpétuité. Il sait très bien que cette opposition, malgré les purges violentes de l'opposition interne au sein de son parti, est toujours très vivante et peut même être plus forte qu'elle ne l'était en 2015.

En effet, cette opposition a été une cause majeure de violence en 2015. S'il demande un autre mandat, il devra faire face à une opposition au sein du parti et peut-être à nouveau des manifestations dans les rues des grandes villes.

Bien que le parti apparaît plus soudé que jamais, en privé Nkurunziza sait très bien que l'opposition au sein de son parti est plus forte qu'elle ne l'était en 2015. Cette intensité de l'opposition est née des préoccupations concernant l'avenir du CNDD-FDD et du pays.

Bien que la plupart des dissensions et préoccupations internes restent muettes et ne soient rarement exprimées que dans les cercles les plus privés, elles n'en sont pas moins présentes et croissent de jour en jour.

La préoccupation la plus importante concerne l’économie, qui est freinée par le manque d’investissements étrangers et d’aide qui a été considérablement réduite après 2015.

Certains des membres les plus intellectuels et les plus influents du parti au pouvoir voient dans cette économie moribonde une sorte de Tendon d'Achille pour leur parti. Un parti censé être perçu comme un libérateur par la majorité des hutu de plus en plus vu, du moins en privé comme un abuseur du commun des mortels.

Cette précarité économique ne rassure pas la vaste majorité des membres plus consciencieux du CNDD-FDD. Bien qu'ils ne l'expriment pas publiquement - du moins pour le moment - ils savent et voient que le pays est mal géré et n'a pas de vision claire pour le sortir de l'extrême pauvreté qui s'est aggravée au cours des quatre dernières années.

Le dilemme

S'il décide de briguer un autre mandat ou de pousser sa femme - comme le soupçonnent certains observateurs - il sera condamné à un barrage de condamnations de la part de la communauté internationale qui doute déjà de ses intentions. Un autre terme renforcerait le sentiment que le pays s'éloigne de plus en plus de l'inclusivité inscrite dans l'accord de paix d'Arusha de 2000 qui a mis fin à la guerre civile au Burundi.

L'opposition internationale ne serait rien comparée à l'opposition à laquelle il ferait face au sein de son propre parti. Comme ce fut le cas en 2015, certains de ses adversaires les plus féroces de l'armée pourraient initier un coup d'Etat. En fait, il se dit qu'il reste encore une grande partie des généraux qui lui en veulent encore suite à la répression de 2015 qui a vu certains des officiers supérieurs (anciens de la rébellion) les plus populaires de l'armée emprisonnés ou tués pour s'être opposés à son troisième mandat.

Le couple présidentiel dans leurs champs. La première dame porte un T-shirt portant son image

Cette opposition interne au sein du parti peut à son tour inciter la population en général à regagner la rue. Une nouvelle vague de répression s'ensuivrait, ce qui aurait probablement pour effet de pousser la communauté internationale, qui n'a jamais paru décisive depuis 2015, à enfin agir. Cela pourrait à son tour mettre fin à la domination du CNDD-FDD, qui serait obligé d'accepter de partager le pouvoir avec l'opposition.

C'est en fait ce qui motive l'opposition interne au sein du parti contre un autre mandat de Nkurunziza. Inversement, s’il ne se présente pas, un autre scénario probable est une lutte acharnée pour lui succéder au sein du parti au pouvoir. La compétition intra-parti en 2015 a abouti à une tentative de coup d'État et à une répression violente. Cette fois-ci, les querelles internes seraient extrêmement chaotiques, car il n’y aurait pas de chef naturel pour assumer la responsabilité du parti.

Ce scénario est également terrifiant pour les hauts responsables du parti au pouvoir. D'abord parce que cela permettrait à Nkurunziza de s'accrocher au pouvoir et ensuite parce que cela détruirait probablement le parti ou, au mieux, l'affaiblirait au point de l'empêcher de monopoliser le pouvoir comme il le fait aujourd'hui.

Ainsi, que Nkurunziza cherche un nouveau mandat ou non, la situation au Burundi sera vraisemblablement périlleuse en 2020 ou au cours des mois précédant mai 2020.

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