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Nkurunziza crée t-il un média de haine ou est-il entrain de se positionner pour un autre mandat?


Au cours du génocide de 1994 au Rwanda, le média haineux le plus important était la radio Radio Télévision Libre des Mille Collines

Pierre Nkurunziza vient de nommer le chef de la célèbre milice de la Ligue de la jeunesse(Imbonerakure) du parti au pouvoir à la tête de son radiodiffuseur public.

Par décret présidentiel, le président Pierre Nkurunziza a nommé Eric Nshimirimana, qui jusqu'ici dirigeait la ligue de la jeunesse Imbonerakure, directeur général de la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB). Des groupes d'opposition ont critiqué cette initiative, affirmant qu'elle menaçait la liberté de la presse dans le pays.

Un chef d'une milice à la tête d'un radiodiffuseur d'État

Imbonerakure est l’aile jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, du président Pierre Nkurunziza, dirigé par Eric Nshimirimana. La milice de la jeunesse a été accusée de graves violations des droits de l’homme depuis l’agitation politique qui a éclaté en 2015, à la suite de l’annonce par Nkurunziza de sa candidature à un troisième mandat à la présidence.

Human Rights Watch (HRW), dans son rapport Burundi, Events of 2018, décrit certaines des atrocités commises par les milices armées sous le régime de Nshimirimana.

«Les services de sécurité burundais et les membres de l’Imbonerakure, la ligue de la jeunesse du parti au pouvoir, ont commis de nombreuses violations des droits de l’homme tout au long de 2018, y compris des exécutions sommaires, des viols, des enlèvements, des passages à tabac et des actes d’intimidation d’opposants politiques présumés», indique le rapport.

«Nombre des abus les plus graves ont eu lieu dans la perspective du référendum constitutionnel du 17 mai, qui crée un possibilité au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu'en 2034».

HRW a également noté la détérioration de la liberté de la presse au Burundi - un problème clé qui, selon les groupes d'opposition, ne fera qu'empirer avec la nomination de Nshimirimana au poste de chef de la télévision d'Etat, la radio télévision nationale du Burundi (RTNB).

"La société civile et le paysage médiatique autrefois dynamiques du pays ont été décimés depuis le début de la crise en avril 2015", a déclaré HRW dans son rapport.

Nkurunziza prépare-t-il le terrain pour un nouveau mandat?

Un bon nombre d'observateurs voient dans cette nomination une stratégie permettant au président Nkurunziza de se positionner pour un quatrième mandat.

Le vice-président du parti d'opposition FRODEBU, Léonce Ngendakumana, a déclaré que cette nomination pourrait indiquer que Nkurunziza envisage de briguer un autre mandat aux élections de l'année prochaine et que le parti au pouvoir obtiendra une couverture plus dominante.

«La RTNB reste le seul média au Burundi à avoir une couverture nationale. La nomination du président de l'Imbonerakure, qui entretient des liens étroits avec l'armée, la police ou les services de renseignement, n'est pas gratuite », a déclaré Ngendakumana à Reuters.

Il ajoute que "Le président actuel cherche à obtenir le soutien de la ligue de la jeunesse en la remerciant et afin de contrôler totalement le très important média du pays, la RTNB, moins d'un an avant les élections."

Vers un radiodiffuseur haineux au Burundi?

Il est largement admis que les médias haineux ont joué un rôle important dans le génocide de 1994 au Rwanda (voisin du Burundi), au cours duquel 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été exterminés.

Il ne fait également aucun doute que son héritage continue d’exercer une forte influence sur le pays.

Le média haineux le plus important était la radio privée Radio Télévision Libre des Mille Collines.

Avec la nomination du chef de la milice qui sème la violence au pays à la tête du seul radiodiffuseur national, la plupart d'observateurs craignent que le régime ne tente de radicaliser davantage la radio et la télévision nationales.

En outre avec un radical comme Eric Nshimirimana à sa tête, le radiodiffuseur national risque de s’engager davantage dans une rhétorique incendiaire et même enflammer la situation pendant la période électorale .

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