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  • BLAISE BACONIB NIJIMBERE

Burundi – Canada : Réfléchir deux fois avant de serrer la main d’un dictateur


Yves Corriveau (2eme à gauche) lors de sa rencontre avec le président burundais, Pierre Nkurunziza (2eme à droite)

C’est l’histoire d’un maire d’une ville canadienne, qui se retrouve embarqué dans une histoire qui le dépasse, selon lui. François-Xavier Pinte, un citoyen d’origine belge, a été nommé consul du Burundi honoraire du Burundi au Canada. L’homme en question habite Mont-Saint-Hilaire. Sa ville.

Ce consul qui veut bien sûr montrer au pouvoir qui lui a offert cette fonction “honorifique” (certains esprits diront que sûrement ce n’est pas gratuit), veut redorer l’image “ternie” du régime dictatorial au Canada. Il emmène donc son maire vers un autre maire, dans ce pays, lointain. « Moi, je me fous de la politique; ce qui m’intéresse, c’est d’essayer de donner de mon temps pour quelque chose de louable. Et pour le faire, le jeu demande d’aller serrer des mains », a-t-il affirmé M. Pinte, le consul.

Vidéo: source RTNB

À l’arrivée des deux hôtes, le régime sent que c’est une occasion en or de redorer son blason sanglant. Il met le paquet. Cortèges, réceptions, exhibitions folkloriques, photos ici et là. Le Canadien est reçu comme un « roi ». Et le Canadien est conquis.

De la misère au Burundi ? Jamais ! Il raconte avoir vu des gens « fiers » et « heureux » pendant son séjour au Burundi. De l’insécurité ? Vous êtes fous ! Le pays est « calme et paisible ». Même si le gouvernement canadien intime à ses ressortissants « d’éviter tout voyage au Burundi en raison des tensions politiques, des troubles civils et de la violence armée », le maire Yves Corriveau trouve que tout va bien.

Le maire de la ville de Bujumbura, son hôte, organise même une rencontre avec le « grand monarque » burundais en compagnie de son épouse. C’est l’apothéose. Le Canadien est aux anges et ne jure plus que par le Burundi. Il signe un accord de partenariat entre sa ville et Bujumbura. Le consul se frotte les mains. Mission réussie. Fin de l’histoire .

Sauf que cette visite a choqué. La communauté burundaise au Canada rappelle tout ce que le maire n’a pas voulu voir, les crimes et les chiffres choquants . Le nombre de réfugiés qui « ont fui la paix » à cause de ce régime. La corruption, le verrouillage des libertés publiques fondamentales. Tous les rapports internationaux sur la corruption, les tortures, les disparitions forcées, les assassinats, … sortent.

Le maire est effaré. Le Conseil municipal de sa ville, choquée, est au bord d’implosion. Le fameux partenariat signé par le maire Corriveau et Bujumbura est annulé. Le maire n’ose plus réagir aux sollicitations de la presse canadienne. « Il est fort affecté et souffrant ». Nous vous souhaitons, Monsieur le maire, un prompt rétablissement.

Et finalement, il admet qu’il n’aurait pas dû. Il regrette d’avoir effectué « cette [mes-] aventure » et surtout d’avoir serrer la main du dictateur burundais, Pierre Nkurunziza.

Il a même présenté ses excuses à ses concitoyens « qui en ont été offensés», mais il a oublié de s'excuser auprès des victimes de tous les crimes contre l'humanité, notamment le meurtre, la torture, le viol et la disparition forcée pour lesquels le régime fait l'objet d'une enquête de la Cours Pénale Internationale. Espérons qu’il en tiré la leçon !

Moralité de l’histoire : il faut réfléchir deux fois avant de serrer la main d’un dictateur.

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