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  • MUTAGA Pierre-Claver | pcmutaga@ymail.com

BURUNDI : Un pouvoir qui opprime, terrorise et tue son peuple


Faible Appui du Gouvernement aux Secteurs de Production

Le Gouvernement a complètement abandonné le soutien à l`agriculture. La faible production vivrière et l`insécurité alimentaire sont dues en grande partie au sous-investissement dans le secteur agricole. La part du budget de l`Etat qui va dans l’agriculture représente à peine 4% du budget total, ce qui est à la base de la baisse vertigineuse de la production vivrière et une insécurité alimentaire croissante.

L`absence de crédit agricole et la surpopulation des collines sont deux des blocages additionnels au développement de l`économie rurale auxquels aucune solution n`a été apportée. A cet effet, les conflits fonciers vont sans doute s`exacerber sous l`effet de l`accroissement démographique, mais également des tensions politiques exercées par les autorités locales et les jeunes affiliés au parti au pouvoir.

Les engrais manquent énormément. Le Burundi est parmi les pays qui utilisent le moins d`engrais dans le monde. Ces dernières années, avec la rareté des devises, le gouvernement n`a pas donné la priorité à l`importation d`engrais. Les quelques tonnes qui sont importées sont données en priorité aux membres du parti au pouvoir. Des fois, pour avoir quelques kilos d`engrais, des populations sont contraintes d`adhérer au parti au pouvoir.

Le manque de politique claire en matière d`investissement privé a fait que très peu d`investisseurs privés s`aventurent au Burundi. Pendant des années, le gouvernement déclare vouloir donner une place de choix à l`industrialisation du pays. Cependant, se doter d'un tissu industriel dynamique et compétitif, mettre en place des mesures d'appui pour la relance du secteur, sans aucune politique claire d`appui à ce secteur est une impossibilité.

Une Corruption Généralisée

Depuis 2005, avec l`arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, des décisions opaques et douteuses ont inquiété la population burundaise. On peut citer notamment les procédures de privatisation des entreprises publiques telles que le COTEBU, l`octroi des crédits bancaires et des exemptions fiscales, la vente de l`avion présidentiel, dossier Interpetrol, attribution frauduleuse des marchés publics, trafic de ressources naturelles, détournement des fonds des contingents de l`AMISOM, monopole de l`octroi des devises par la Banque Centrale, etc.

Les fonds publics sont détournés au profit d`une poignée d`hommes proches du Président. Les petits fonctionnaires sont également touchés par cette corruption, devenue endémique. Un instituteur qui peine à joindre les deux bouts du mois déclare : « Dans ces conditions, il est difficile d’éviter que certains d’entre nous, en quête de moyens supplémentaires pou joindre les bouts du mois acceptent des pots-de-vin de la part de parents et d’élèves».

Un chauffeur dans une administration provinciale reconnait que le vol de carburant des véhicules des administrations pour le revendre au marché noir se généralise. L’avidité des policiers s’accentue. Plusieurs conducteurs de moto taxis signalent qu’ils doivent remettre chaque mois de l’argent au commissaire provincial et verser chaque jour des pots-de-vin aux agents sur la route.

Des impôts supplémentaires à la population

Le gouvernement, incapable de mobiliser d`autres recettes pour compenser le manque à gagner causé par la rupture de relations avec les bailleurs de fonds, veut transférer cette charge aux citoyens par l`imposition de nouvelles taxes et l`augmentation des tarifs.

Les cas les plus caractéristiques concernent notamment l`obligation pour chaque citoyen de s`acquitter des cotisations pour soutenir les élections de 2020, auxquelles tout le monde est astreint, y compris les élèves des écoles secondaires, les étudiants et les chômeurs, ainsi que l`augmentation des tarifs d`eau et d`électricité, pour une population déjà appauvrie.

On demande également aux populations de contribuer au financement des constructions des bâtiments du parti au pouvoir, quelle que soit leur appartenance politique.

Une mauvaise gouvernance économique et financière

Avec la pauvreté et le dénuement des écoles primaires, les parents sont obligés de financer certaines activités scolaires, en particulier, la réhabilitation des infrastructures, et très souvent, le paiement des salaires des enseignants.

Confronté à la contrainte financière, le gouvernement exige des banques et des entreprises mixtes, dans lesquelles l`Etat détient des actions, que tous les bénéfices à la fin de l`année, au lieu d`être réinvestis ou usés pour booster les salaires dérisoires du personnel, soient transférés à l`Etat. Les préoccupations premières étant de lever suffisamment de fonds pour alimenter leurs réseaux politiques et sécuritaires.

La pénurie de devises et spécifiquement du dollars américain a entraîné une augmentation des coûts des biens importés, notamment des vivres, des médicaments et de l’électricité, et partant une raréfaction de ces biens ainsi que la dépréciation de la monnaie nationale.

Les pénuries de produits de première nécessité, comme le sucre fabriqué par la Société Sucrière du Mosso (SOSUMO), le carburant et l’électricité, font maintenant partie du quotidien des Burundais. Récemment, la pénurie des bières produites par la Brasserie du Burundi (BRARUDI) est signalée. Si les pénuries ne sont pas entièrement nouvelles, leur fréquence et leur intensité ont augmenté ces trois dernières années. Le manque de réserves de devises en est la cause principale.

Présentement, la banque centrale a les difficultés de pouvoir de faire une distribution rationnée de devises au delà des 0,9 mois d’importations alors que les règles budgétaires de l'EAC en exige pour 2 mois. Les autorités burundaises ont privilégié le financement de trois produits d’importation vitaux : le carburant, les médicaments et les engrais. Mais l’affectation prioritaire des devises disponibles pour l’importation de ces trois produits n’est pas transparente.

Le manque de carburant est même devenu chronique. Une semaine sur deux, les stations d’essence ne sont pas suffisamment approvisionnées. La pénurie de carburant déstabilise l’économie de la capitale et le pays tout entier. Malgré l`importance de l’agriculture dans l`économie nationale, les livraisons d’engrais ont accusé des retards à répétition en 2016 et 2017. Les entreprises ont des difficultés à importer les intrants quand leurs fournisseurs étrangers ne veulent plus leur faire crédit.

La pénurie des devises, comme celle du carburant, favorise le développement du marché noir, ce qui renforce encore la hausse générale des prix. Face à la croissance d’un marché parallèle des changes, les autorités ont tenté de reprendre le contrôle en fermant de nombreux bureaux de change et en interdisant les cambistes de rue.

Néanmoins, cette pratique perdure: le taux de change officieux est même publié par certains journaux. La banque centrale compte encore sur les paiements des salaires des membres des forces de sécurité et de police en mission de maintien de la paix, ainsi que les transferts des ONG étrangères. Les donateurs principaux, telle que l`Union Européenne, ont réduit considérablement les aides qu`ils accordaient au Burundi, à cause de la mauvaise gouvernance et du non-respect des droits de l`homme. Malheureusement, les secteurs de la santé et de l`éducation en ont souffert.

Un pouvoir qui terrorise et tue son peuple

Le régime en place utilise les forces de défense et de sécurité, la milice imbonerakure, les agents du service de renseignement pour renforcer son emprise sur le pays et toute la population. Ces forces terrorisent, torturent, tuent, violent et emprisonnent des citoyens innocents par milliers. Ils terrorisent tous ceux qui veulent émettre des avis contraires à la position de l`autorité.

Souvent des menaces verbales (souvent téléphoniques) sont lancés, suivis d`actes de torture et de massacre. D’honnêtes citoyens sont traqués, tués et jetés sur les rues, sur les collines, dans les latrines et dans les rivières.

Les milices affiliées au pouvoir émettent des discours de haine à l`endroit de ceux qui penseraient de s`opposer au CNDD-FDD. Ils chantent des chansons pour terroriser, stipulant que ceux qui ne veulent adhérer au parti CNDD-FDD seront "frappés par une foudre". On enseigne a des enfants de 4 à 6 ans des chansons de haine, dont ils ne comprennent ni la teneur, ni la signification et encore moins le terreur qu'elles occasionnent chez l'opposition.

C’est la politique de la peur et de la terreur. Des femmes et filles sont violées quotidiennement devant leurs membres de famille par des policiers, des agents du service national de renseignement et les jeunes Imbonerakure. Des familles entières pleurent, chaque jour, leurs proches disparus ou tués par des criminels à la solde du régime, pour simplement n’avoir pas accepté les injustices, les discriminations du pouvoir en place. C`est la politique de la terreur et de l`asservissement.

Le peuple burundais souffre: par la misère, la faim et il a peur. La détresse a atteint son paroxysme. On lit sur les visages de Burundais la douleur intense de vivre un cycle infernal de violence et de misère sans fin. Ils espèrent chaque jour que le lendemain sera meilleur, mais ils ne cessent de déchanter. A défaut de trouver une solution, on sourit au monde pour cacher la douleur, on chante les bienfaits du pouvoir et du parti au pouvoir. Pour survivre, il faut gagner des faveurs avec l'élite dirigeante ou sa police de la pensée, car tout le monde sait que le pouvoir en place est sans pitié pour quiconque ose critiquer ouvertement la façon dont le pays est dirigé. Ceux qui ont essayé, l’ont payé de leur vie.

Alors, dans la peur et la faim, ces populations silencieusement cautionne et accepte toutes les lois qui leur sont imposées. La plus téméraire est la nouvelle Constitution en 2018 qui en pratique mais fin a l`Accord d`Arusha et la Constitution de 2005. Les burundais sont forcés d`accepter de pendre part à la mascarade d`élections en 2020, même si elles savent que ces élections ne leur apporteront que malheur et désolation.

Le pouvoir en place se désintéresse de la misère dans laquelle la population vit, il lui a dénié son droit à la vie, à la sante, à l`éducation ; il lui a ôté la dignité et l`identité d`être burundais et lui a collé le nom déshumanisant de « Mujeri » (chien errant).

Et l'histoire d’Hitler et la poule (racontée dans la première partie de cette analyse) se confirme pour la petite nation burundaise.

Quelle solution pour tirer le pays de ce bourbier ?

SEUL LE PEUPLE BURUNDAIS, DANS SA DIVERSITE, POURRA CHANGER LE COURS DES EVENEMENTS, AVANT QU`IL NE SOIT TROP TARD. LE BURUNDI APPARTIENT AUX JEUNES, CAR LE BURUNDI SERA CE QUE LES JEUNES EN AURONT FAIT.

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