FDLR: Mercenaires ou maîtres au Burundi?
- FULVIO BELTRAMI
- 13 sept. 2019
- 4 min de lecture
Première Partie
Auteur: FULVIO BELTRAMI
Fulvio Beltrami est un journaliste indépendant et reporter sur l’Afrique de l'Est pour les journaux italiens L'Indro et ReteLuna. Il est basé à Kampala en Ouganda

20 000, peut-être 30 000 terroristes des Forces démocratiques de libération du Rwanda ont infiltré la sécurité de l'armée, de la police, du gouvernement et du président, contrôlant efficacement l'ensemble du pays.
Première partie
Dans la première partie de cette enquête, il a été démontrée comment Pierre Nkurunziza a obtenu le pouvoir et comment il l'a conservé:
Les leaders de l'opposition et de la société civile ont été massacrés ou contraints à l'exil.
Les éditeurs de médias indépendants brûlés. Assassinats d'éditeurs et de journalistes.
L’opposition armée n’est pas encore en mesure de s’organiser et de lancer une offensive militaire à grande échelle, malgré les tentatives infructueuses des dernières années
Jusqu'ici, toutes les apparences tendent à montrer que Pierre Nkurunziza a la situation sous contrôle et maintient les rênes du pouvoir.
Une escalade progressive
La présence au Burundi du groupe terroriste rwandais Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), est un fiasco. La collaboration entre Nkurunziza et les FDLR semble avoir été une escalade progressive.
En 2014, les FDLR se sont engagés à former (militairement et idéologiquement) les Imbonerakure, la milice la plus fanatique, affiliée au parti du président Pierre Nkurunziza , le Conseil national pour la défense de la démocratie - Les Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD).

Un combattant de la FDLR
Selon les estimations des Nations Unies, l'aile des jeunes du CNDD-FDD compterait des centaines de milliers de membres. La majorité d'entre eux ayant demandé la carte d’adhésion simplement par peur d'être soupçonnés d'être des sympathisants de l'opposition et de subir la colère du régime.
Dans toutes les dictatures, l’un des moyens de se protéger contre la violence féroce du dictateur consiste à acquérir et garder la carte du parti au pouvoir dans votre poche. L'ONU estime qu'entre 20 000 et 30 000 Imbonerakure constituent l'aile armée du parti au pouvoir. Ce noyau a été transformé en une milice paramilitaire avec l'aide des FDLR. Les autres sont des abonnés passifs qui ne partagent peut-être même pas l'idéologie du «HutuPower».
Formation des Imbonerakure par les FDLR au Sud Kivu
Les 4 000 premiers miliciens Imbonerakure ont été formés par les FDLR en 2014 dans la province du Sud-Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo. Les formations, qui se sont déroulées dans le plus grand secret, ont été découvertes par hasard par trois religieuses italiennes, Lucia Pulici, Olga Raschietti et Bernadetta Boggian, résidant à Bujumbura.
Nkurunziza a ordonné leur assassinat pour empêcher les trois sœurs de transmettre les preuves aux Nations Unies et au Vatican, un dimanche 8 septembre 2014. Le triple meurtre a été organisé par le général Adolphe Nshimirimana, assassiné par la suite par Nkrunziza.
Après le coup d'État manqué de mai 2015, Nkurunziza prend conscience que les forces armées et la police ne peuvent être considérées à 100% comme loyales à ses illusions d'un «royaume hutu». La milice paramilitaire Imbonerakure en était encore à ses débuts. Une liquidation de soldats, officiers et policiers tutsis ou hutu non loyaux était nécessaire, mais avec qui les remplacer?
La solution a été trouvée en proposant un pacte de mercenaires aux terroristes des FDLR. Les FDLR ont progressivement infiltré leurs hommes dans l'armée et la police, devenant des alliés fiables du régime, la seule et véritable force de défense du régime de Nkurunziza. Il est dit que les frais mensuel pour leurs services oscillent entre 1 et 2 millions de dollars.
FDLR dans la garde présidentielle au Burundi: Mercenaires ou maîtres?
Selon toutes apparences, les FDLR sont des mercenaires étrangers engagés par le régime pour sa défense. Cependant si la montée des FDLR au Burundi est passée à la loupe, il apparaît que la réalité soit différente et crée nécessairement des doutes.
Les FDLR ont pris les postes de commandement dans l'armée et la police. Au début, seuls quelques centaines de miliciens s'étaient infiltrés dans la police et l'armée pour remplacer les déserteurs ou les éléments assassinés, soupçonnés de manquer de loyauté.
Au cours du second semestre de 2017, Nkurunziza a multiplié les liquidations de soldats, policiers et officiers de peur de subir un second coup d'État. À l'époque, des rumeurs circulaient sur l'existence d'un complot d'assassinat du dictateur. Il a également été dit que la santé de Nkurunziza était gravement compromise.
Le complot a pris forme vers octobre 2018. Des éléments modérés du CNDD-FDD, ainsi que quelques militaires, envisageaient de tirer parti de la maladie (toujours inconnue) de Nkurunziza pour le remplacer par un chef hutu modéré et créer un gouvernement d'union nationale avec l'opposition, mouvements armées et la société civile. Le complot n’est jamais allé au-delà du stade théorique, mais son existence a été utile aux FDLR qui ont réussi à tirer parti de ce danger pour convaince Nkurunziza et augmenter leur effectif dans les forces armées.
À partir de 2018, l'infiltration dans l'appareil de défense burundais fait un bond en avant. Les FDL parviennent à sécuriser les postes de commandement au sein de l'armée et de la police, en remplacement des officiers suspects.
À l'heure actuelle, des officiers supérieurs des FDLR occupent des postes de direction dans l'appareil de défense. Parmi eux, de nombreux officiers qui étaient auparavant en poste à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, à l'est du Congo: Jean Pierre Ndimurwimo, Leonard Kwizera, Benjamin Habarugira, Gilbert Hatungimana, Pascal Barukwege, Egide Masabo, Ildephonse Hakizimana, Juma Bahati, Benoit Madef, Victor Byamungu, Bosco Barekebaguve Nsaminana et Luc Kananga.
Profitant de la psychose de Nkurunziza, ils ont en fait entraîné la destruction d'une armée qui fut une des plus efficaces de la région. Les FDLR ont également étendu leur influence à de hautes personnalités du régime, dont le numéro deux, le général Alain-Guillaume Bunyoni. , considéré comme leur "homme". Ils sont même allés jusqu'à assurer la sécurité personnelle du dictateur en infiltrant la garde présidentielle.
Il se dit que la moitié de la garde présidentielle est composée des mercenaires des FDLR, et il y en a qui disent que tous les éléments de la garde présidentielle appartiennent aux FDLR. Ce qui est certain, les lieutenants colonels FDLR Sefu Bora, Barukwege Leonard et Lukusa Salif sont actuellement au Burundi infiltrés dans la Garde présidentielle. Leur quartier général est situé dans les camps militaires de Muzinda et Mujejuru.
A suivre.....
(Deuxième Partie sera publiée dans notre de ce Weekend) numéro
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