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  • FULVIO BELTRAMI

FDLR: Mercenaires ou maîtres au Burundi?


Deuxième Partie

 

Auteur: FULVIO BELTRAMI

Fulvio Beltrami est un journaliste indépendant et reporter sur l’Afrique de l'Est pour les journaux italiens L'Indro et ReteLuna. Il est basé à Kampala en Ouganda

 

Des miliciens d'obédience diverse au Burundi pour envahir le Rwanda et protéger le régime de NKurunziza

Entre décembre 2018 et mai 2019, des centaines et des centaines de miliciens des FDLR sont arrivés au Burundi en provenance de la province congolaise voisine du Sud-Kivu et se sont installés dans la forêt de Kibira, à la frontière avec le Rwanda.

Avec eux, il y aurait aussi des miliciens de deux autres groupes armés rwandais, le Front de Libération Nationale (branche armée du Mouvement rwandais pour le changement démocratique, le parti d'obédience "Hutupower" proche de Victoire Ingabire Umuhoza) et le Congrès national du Rwanda, fondé par d'anciens officiers tutsis, le général Nyamwasa, Gérald Gahima et Patrick Karegeya, tués par les services secrets rwandais en 2014; et qui compte parmie Théogène Rudasingwa,

Ces militants ne sont pas au Burundi pour renforcer le contrôle des FDLR dans le pays, mais pour envahir le Rwanda depuis le territoire burundais.

Deux tentatives d'invasion ont échoué entre juin et juillet 2018. Avec l'échec de la tentative d'invasion début août. Les FDLR et d'autres milices congolais-rwandaises ont ouvert deux fronts contre le territoire rwandais. Le premier au nord (en passant par le Congo) et l'autre au sud (en traversant la forêt de Kibira). Avec un soutien sans réserve du régime burundais, cette dernière invasion représente la menace militaire la plus grave qui pèse sur le gouvernement de Kigali après le génocide contre les tutsis.

Les FDLR ont également protégé le régime burundais en se livrant à une série d'affrontements dans le district d'Uvira, dans le Sud-Kivu, au Congo, contre l'opposition armée burundaise - Forces nationales de libération (FNL), Forces républicaines du Burundi (FOREBU), devenues forces populaires burundaises (FPB). ) et contre les RED-Tabara - pour empêcher une offensive sur Bujumbura. Lors des affrontements, qui ont eu lieu entre février et mars 2018, les FDLR ont eu recours à quelques milliers de miliciens Imbonerakure et de l'appui des éléments de l’armée burundaise.

La collaboration entre les FDLR et le régime burundais semble avoir des limites très confuses et instables. Bien que certains éléments FDLR ne soient que des mercenaires souvent incorporés dans l’armée burundaises et la police, l'autre partie des FDLR semblent avoir la bénédiction de Nkurunziza et bénéficient des bases arriérés militaires au Burundi pour envahir le Rwanda.

À plusieurs reprises, les FDLR sont même devenues un organisme de financement pour le regime de Nkurunziza. En 2018, les FDLR auraient prêté d’énormes sommes d’argent au régime en proie à de graves difficultés économiques en raison des sanctions de l’Union européenne. Argent provenant du trafic illicite d'or, de diamants et de coltan congolais.

Les FDLR et Imbonerakure deviennent progressivement des acteurs de grande influence dans la politique burundaise

Le côté sombre de la collaboration entre le CNDD-FDD et les FDLR est le contrôle progressif des mercenaires rwandais exercé sur la milice paramilitaire Imbonerakure, qui pourrait transformer les FDLR de simples mercenaires en acteurs de premier plan de la politique burundaise.

Les Imbonerakure gagnent de plus en plus une importance et occupent une place de choix dans la politique nationale. Depuis 2016, les Imbonerakure organisent des manifestations et des défilés militaires identiques à ceux des milices génocidaires des Interahamwe et des Impuzamugambi rwandaises de 1994.

Est-ce une coïncidence si les Interahamwe et les Impuzamugambi ont fusionné dans les FDLR en 2000, donnant au groupe terroriste l'empreinte génocidaire qui le caractérise?

Défilé paramilitaire des Imbonerakure lors d'un fête nationale au Burundi

Les Imbonerakure ont été les acteurs influents du référendum sur la révision de la Constitution, qui a abrogé les limites des mandats présidentiels. Ces miliciens dont la majorité est animée par la haine ethnique, ont forcé des millions de citoyens à aller voter. Ils étaient même à l'intérieur des isoloirs pour s'assurer que le «bon citoyen» faisait le «bon choix».

Les Imbonerakure ont également infiltré les Casques bleus burundais servant dans diverses missions de paix des Nations Unies en Afrique. Les Imbonerakure contrôlent maintenant la sécurité du pays et décident qui mérite de vivre ou de mourir. Les décisions sont prises souvent sommairement et alimentent un horrible massacre silencieux qui sembler s'intensifier depuis le début de 2019. Les milices Imbonerakure volent du bétail, brûlent des maisons des tutsis et tuent des occupants dans les zones rurales pendant que les autorités burundaises les protègent par une impunité qui est devenue le mode operandi de la justice burundaise.

Ces jeunes qui «voient très loin» ont à partir de 2018 mis en place une montée de force rapide au sommet du pouvoir qui témoigne de leur importance au sein du régime. Ezéchiel Nibigira, un ancien dirigeant de la milice Imbonerakure, a été nommé ministre des Affaires étrangères en avril 2018. Eric Nshimirimana, un autre ancien dirigeant des Imbonerakure, a pris la direction de la Radio Télévision nationale burundaise (RTNB) en juillet dernier, contrôlant ainsi la principaux médias nationaux.

La métamorphose rapide de la jeune branche du CNDD-FDD en une puissante milice paramilitaire placée au sommet du régime aurait-elle été possible si les Imbonerakure n'avaient pas été sous le contrôle des FDRL?

Par le biais des Imbonerakure, les FDLR pourraient-ils contrôler des secteurs stratégiques du pouvoir, pouvant ainsi influencer les choix politiques du régime?

En garantissant la sécurité personnelle du dictateur, les FDLR ont-elles le sort et destinée de Nkurunziza entre leurs mains?

Un monstre Frankenstein qui sera difficile à contrôler

La tentative de limiter l'influence des Imbonerakure mise en œuvre par le dictateur démontre que les rêves de Nkurunziza de pouvoir absolu ne sont pas sans risque. Entre 2017 et les premiers mois de 2018, Nkurunziza a voulu freiner l'élan des jeunes miliciens, diminuer leur pouvoir, les remettre en ligne. Il réalisa qu'il était trop tard. Le monstre Frankenstein pensait maintenant avec sa propre tête ou avec celle des FDLR.

Nkurunziza avait deux choix: entamer une confrontation (armée) avec les Imbonerakure ou la laisser faire. Il a choisi la deuxième option. La nomination de chefs Imbonerakure à des postes gouvernementaux importants marque sa défaite, du moins pour le moment.

Les FDLR sont également devenues des alliés gênants mais nécessaires. Renoncer à leur protection reviendrait à exposer la partie à des groupes d’opposition armés toujours actifs et aux représailles du Rwanda. Le choix de maintenir cette alliance dangereuse a été fait en 2015, lorsque Nkurunziza a personnellement assassiné le général Nshimirimana.

La décision, impulsive et dictée par l'orgueil et la volonté de vouloir maitriser les extrémistes du régime, a été prise lors d'une réunion au cours de laquelle Adolphe Nshimirimana, bien qu'un des faucons du régime avait expressément demandé à interrompre l'alliance avec les FDLR.

Au Burundi, la population et la diaspora burundaise sont clairement divisées. Certains affirment que les FDLR contrôlent désormais pleinement le pays. D'autres affirment qu'ils le contrôlent en partie. D'autres nient la présence des FDLR.

A suivre.....

(Troisième Partie sera publiée dan notre prochain numéro)

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