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Le mécontentement grandissant au sein du CNDD-FDD menace le système mis en place par Pierre Nkurunzi


La tendance actuelle des événements politiques au Burundi et surtout au sein du parti au pouvoir semble compliquée et tend vers une implosion. Les observateurs politiques estiment que Pierre Nkurunziza est déterminé à rester au pouvoir au delà de 2020.

Cependant, la majorité pense que son règne est totalement passé d'un accord général de paix d'Arusha à un système fondé sur le favoritisme et centrée sur sa personne, avec sa famille et la clique qui l'entoure au centre.

Pierre Nkurunziza contrôle les institutions clés, y compris l'armée et la police, qui garantissent sa survie politique. Son parti au pouvoir, le CNDD-FDD, domine tous les niveaux de l'État. Il a affaibli les partis d'opposition, jeté l'accord de paix d'Arusha à la poubelle, affaiblissant ainsi les partis politiques et la société civile, qui manquaient déjà de moyens organisationnels, d'argent et d'espace politique pour un avoir un poids politique au pays.

Dans les coulisses, Pierre Nkurunziza a neutralisé des groupes internes d'opposants au sein du CNDD-FDD et reste ancré en tant que chef du parti, épaulé par le général Evariste Ndayishimiye alias Never, qui prends les ordres directement de Nkururnziza. Le général Evariste Ndayishimiye, comme la majorité des cadres supérieurs du CNDD-FDD, est issu d'une famille modeste, bien que beaucoup se soient enrichis et continuent de se battre pour gagner du pouvoir et de l'argent.

Perte de légitimité et de commandement

Bien que le parti présidentiel Nkurunziza n'ait pas été inquiété par les partis d'opposition basés à l'étranger, des signes incontestables montrent qu'il est en train de perdre de la popularité au sein de son parti et du reste de la population.

Jusqu'à présent, au sein de son parti, il y a de nombreux candidats qui se disputent des postes et se mobilisent dans les coulisses. Chacun cherche à obtenir le soutien de l'armée, des organes de renseignement et de la police. Les cadres du CNDD-FDD tels que Pascal Nyabenda, Evariste Ndayishimiye et Joseph Butore, considéré comme un technocrate et un modéré par rapport aux autres, s'attachent déjà à faire face à l'éventualité de se disputer le poste de premier plan.

En ce qui concerne les réformes politiques ouvrant la voie à la transition, le gouvernement de Nkurunziza n'a ni mis en place la commission des réformes approuvée par l'accord de paix d'Arusha, ni opéré de réforme constitutionnelle complète. Il a plutôt unilatéralement élaboré et adopté des projets de loi favorisant son gouvernement, mais qui restent loin des attentes des hommes fort du régime.

Échec de gérer les intérêts et les attentes

Le CNDD-FDD, un partie qui se voulait rassembleur au départ s'est transformé en une force liée non pas à une idéologie ou à une politique, mais essentiellement aux ambitions individuelles et à un favoritisme.

Cependant, jusqu'à présent, il n'y a pas eu de discussion générale sur ce à quoi pourrait ressembler une transition de la période d’après Nkurunziza. La combinaison des attentes des groupes marginalisés, du potentiel de lutte pour contrôler le gâteau au sein de l’élite, et de l’absence d’une feuille de route claire pour la succession signifie que le retrait de Nkurunziza de la course ou s'il devient victime de cette lutte interne au parti, le risque de violence premièrement au sein du parti et ensuite dans tout le pays est réel.

L'absence d'un successeur évident alimente ces préoccupations. Pierre Nkurunziza n'a pas préparé un héritier, du moins pas ouvertement. Sa famille et sa clique, qui chercheront probablement à contrôler les politiques de succession, ne semblent pas non plus être unies.

Selon sources bien informés, parmi les prétendant au fauteuil présidentiel, on y compte le secrétaire général du CNDD-FDD, parmi les prétendants, qui apparemment souffre de diabète chronique et est sujet à l'hypertension artérielle depuis la guerre de guérilla du CNDD-FDD, et qui du coup n'inspire pas de confiance quant à la continuité à long terme.

Selon les rumeurs, Pascal Nyabenda, que Pierre Nkurunziza semble vouloir comme héritier, ne compose pas bien avec beaucoup d’officiers supérieurs et d’autres cadres des appareils de sécurité et est considéré par beaucoup dans les couloirs comme un "civil en tonneau vide".

L’épouse de Pierre Nkurunnziza ne peut pas non plus être exclue de la quête du pouvoir et a construit au fil du temps un puissant réseau d’alliés et une réputation d’opérateur politique avisé, mais ne bénéficie pas d’un grand soutien de la part du public, ni du soutien des hommes forts de l’armée.

Réparer un œuf déjà cassé

Selon différents points de vue des observateurs politiques, le public semble avoir peu de confiance que le départ de Pierre Nkurunziza sera suivi d’un transfert de pouvoir constitutionnel clair. Nombreux sont ceux qui s'attendent à ce que des groupes exclus du pouvoir affrontent le gouvernement.

En réponse, l'armée pourrait intervenir, très probablement pour soutenir l'établissement du CNDD-FDD ou choisir d'aider un des puissants officiers de l’armée à prendre le pouvoir. Dans ce pire scénario, le général Guillaume Bunyoni, assiégé, ainsi que le général Silas Ntigurirwa, General Prime Niyongabo, sans oublier le chef du SNR, considéré comme l’architecte et le pilier de la survie du régime de Nkurunziza sont vus des candidats qui commanderaient l'unanimité de l’armée.

Secteur public en déroute

Le népotisme et la corruption minent le secteur public burundais et le gouvernement n’est pas en mesure de répondre à la demande croissante de services plus nombreux et de meilleure qualité.

La santé et l'éducation font partie des services publics les plus touchés, avec une qualité médiocre et une absence chronique de médecins et d'enseignants.

Le développement agricole a également souffert. Les allocations budgétaires ne correspondent pas à l'accent rhétorique mis sur ce secteur et les programmes clés n'ont pas donné de résultats.

La survie à tout prix

En regardant la façon dont les choses évoluent au Burundi, il n’y a pas de système de gouvernance défini. Le gouvernement a choisi un mécanisme pour s'assurer une survie à tout prix, quelles que soient les souffrances des masses. Les généraux et les politiciens de plus en plus riches deviennent plus riches que l'État. Les caisses publiques sont vides alors que le gouvernement investit énormément dans l'achat de munitions et incite la milice imbonerakure à la violence pour maintenir le CNDD-FDD au pouvoir.

Les partenaires internationaux du Burundi et les donateurs, y compris les voisins, s’inquiètent à juste titre de l’orientation du pays. Le pays est confronté à la dégradation progressive de l'ordre, de la sécurité et de la gouvernance. Le mécontentement grandit, en particulier parmi l’élite politique, contre ce que beaucoup considèrent comme un gouvernement incompétent qui est obsédé par sa survie au point qu’il ne se soucie plus de la question de la construction d’un état au moins semi-fonctionnel.

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