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Entre la Russie, la Chine, la Turquie et l'Egypte: Nkurunziza dans une danse diplomatique vertig


Troisième Partie

Que veut la Turquie et qu'offre le régime d'Ankara à celui de Gitega?

Alain Nyamitwe ancien ministre burundais des affaires étrangères serre la main de Recep Tayyip Erdoğan, président Turque

 

Afin d'éviter que ces relations commerciales ne fassent l'objet d'un contrôle international et pour protéger les intérêts d'Ankara, le régime Nkurunziza a accepté comme le voulait Ankara que les accords avec la Turquie constituaient une exception et un secret de sûreté nationale et ont été totalement affranchis des clauses imposées par la Communauté de l'Afrique de l'Est et l'Organisation mondiale de commerce.

 

Le régime d'Ankara se dirige vers une phase d'expansion impériale dangereuse et agressive, une réaction directe au refus de l'Union européenne de laisser ce pays entrer dans l'Union européenne. Un refus initié en grande partie par l'Allemagne et le Vatican et fondé sur la violation flagrante des droits de l'homme en Turquie.

Avec plus de 5 millions d'immigrants turcs présents en Allemagne, qui deviendraient automatiquement des citoyens à part entière, l'influence politique et économique de la Turquie constituerait une menace sérieuse pour l'équilibre politique et économique de l'Allemagne. Un nouveau parti et un puissant cartel économique transnational se formeraient immédiatement, ce qui permettrait à Ankara d'assumer un rôle important dans les politiques intérieure et extérieure du pouvoir européen, en permettant ainsi d'influencer de nombreuses politiques de l'UE en faveur de la Turquie.

L'opposition discrète mais efficace du Vatican est motivée par le refus d'introduire en Europe un pays musulman susceptible de renforcer la religion monothéiste concurrente en Europe au détriment du catholicisme. L'entrée de la Turquie ferait de l'islam une religion européenne, un danger que le Vatican ne pourrait pas gérer étant donné le pourcentage élevé de musulmans en Europe. L’islam est actuellement une religion tolérée en Europe mais loin d’être aussi institutionnelle que le catholicisme.

La violation des droits de l'homme, qui s'est considérablement aggravée après le coup d'État manqué de 2016, n'a pas empêché les pays européens de continuer à faire affaire avec le régime turc mais pousse encore loin l’idée d'une Turquie européenne.

Aucune sanction sérieuse n'a été adoptée, l'UE ne s’étant limitée qu'aux condamnations formelles. La vague de répression décidée par le gouvernement d'Erdogan n'a même pas remis en question la participation à l'OTAN. La Turquie sert à Bruxelles et à Washington de soutien dans le combat contre les forces terroristes combattant le gouvernement Syrien de Bashir Al Assad.

Le rêve européen étant brisé et prenant le chemin de l’islam institutionnel renforcé par la dérive constitutionnelle de la démocratie et des droits de l’homme, la Turquie tente de s’étendre en Afrique pour s’assurer des sources d’énergie stratégiques, des minéraux et un soutien politique utile à utiliser aux Nations Unies.

Le Burundi fait partie de cette stratégie. Le 25 août 2015, un accord de coopération économique militaire entre la Turquie et le Burundi a été signé à Ankara au moment même où le régime de Nkurunziza étouffait l'opposition populaire à la troisième législature après le coup d'État manqué de mai.

Général Prime Niyongabo (béret vert) chef d’État Major de l’armée burundaise en visite officielle en Turquie. Photo: AA/Erçin Top

Début août 2017, le parlement burundais a rectifié l'accord avec la Turquie. "Un signal fort pour le renforcement des relations amicales bilatérales entre le Burundi et la Turquie qui conduira à des avantages communs", a déclaré le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Alain-Aimé Nyamitwe (frère de Willy Nyamitwe, le tout puissant conseiller du président Nkurunziza).

L'accord signé est largement en faveur de la Turquie, qui pourra investir dans l'agriculture et l'élevage (s'elle le veut) dans le but de renforcer la sécurité alimentaire turque grâce aux exportations de produits agricoles et de la viande en provenance du Burundi.

La Turquie sera également en mesure de se lancer dans l'exploitation des ressources minérales et des ressources naturelles, une exploitation qui n'a pas encore commencé au Burundi en raison du manque d'investissements étrangers. Le marché burundais sera ouvert aux produits turcs. Un marché qui n’intéresse pas particulièrement les investisseurs turcs pour le moment car la population burundaise est réduite à la faim et ne représente certainement pas un marché attractif.

Les investisseurs turcs sont intéressés par les exportations agricoles destinées au marché intérieur et par les minerais destinés à renforcer l'appareil industriel national. En contrepartie, le régime burundais parviendra à réduire l'impact des sanctions européennes et la réduction drastique des relations économiques régionales.

Il pourra également se procurer de nouvelles armes, cette fois, fabriquées en Europe et aux États-Unis. Armes que la Turquie reçoit régulièrement de ses alliés occidentaux pour ses opérations militaires en Syrie et facilement détournées pour vente en Afrique.

Afin d'éviter que ces relations commerciales ne fassent l'objet d'un contrôle international et pour protéger les intérêts d'Ankara, le régime Nkurunziza a accepté comme le voulait Ankara que les accords avec la Turquie constituaient une exception et un secret de sûreté nationale et ont été totalement affranchis des clauses imposées par la Communauté de l'Afrique de l'Est et l'Organisation mondiale de commerce.

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