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Entre la Russie, la Chine, la Turquie et l'Egypte: Nkurunziza dans une danse diplomatique vertig


Deuxième Partie

Pour l'Egypte, il faut protéger à tout prix les eaux du Nil

Ambassadeur Abeer Bassiouny Radwan serre la main du président Burundais Pierre Nkurunziza

 

Dans les plans du Caire, le soutien financier offert non pas au Burundi mais au régime de Nkurunziza vise à créer des difficultés et des divisions politiques au sein du front africain sur le Nil et à renforcer la position du Caire maintenant que celui-ci a résolu les problèmes internes et reconstruit l'ancien alliance avec le Soudan

 

Il y a quelques années, l'ambassadeur d'Égypte, Abeer Bassiouny Radwan, avait annoncé le financement de son gouvernement pour la construction d'un hôpital général moderne à Gitega et d'une centrale hydroélectrique à Kirasa, dans la province de Bujumbura.

Les deux projets ne sont pas conçus pour améliorer la situation économique nationale. L'hôpital général fait partie des plans pharaoniques du dictateur Nkurunziza visant à transformer la ville de Gitega (située au centre du pays) en une capitale future et ultra-moderne. D'une taille relativement petite, la centrale hydroélectrique ne pourrait pas améliorer la pénurie chronique d’électricité qui empêche le pays de démarrer un processus industriel.

Ces initiatives sont bien connues du président égyptien, le général Al Sisi, mais les fonds offerts pour la réalisation de ces deux infrastructures importantes font partie d'une stratégie géopolitique précise en matière de défense des eaux du Nil. Entre la chute du régime de Moubarak, le pouvoir convulsif des Frères musulmans et la reprise du contrôle du pays par les forces armées grâce au général Al Sisi (considéré comme un facteur de continuité du régime de Moubarak), les pays de la région et concurrents à l'Égypte ont profité de ce chaos de la politique interne de l'Egypte pour renforcer le besoin de révision du traité colonial sur l'exploitation du Nil qui offrait à l'Égypte et au Soudan le droit d'exploiter la majorité du potentiel en eau du plus grand fleuve d'Afrique.

Le bloc anti-Caire, composé de l’Éthiopie, du Kenya, du Rwanda, de la Tanzanie et de l’Ouganda, a profité des problèmes internes du "Maître du Nil" pour rendre l’exploitation de l’eau presque impossible pour l'Egypte et de renforcer leurs économies aux dépens de l’Égypte. L’Éthiopie a réussi à demarrer la construction du barrage de Grande Renaissance qui, en 2007, avait été menacé de bombardement par Moubarak.

L'Ouganda en a profité pour se lancer dans des projets de barrages de taille moyenne afin d'accroître la production d'énergie domestique. Ces infrastructures diminuent déjà le niveau des eaux du Nil sur le territoire égyptien. L'allié naturel du Caire: le Soudan a progressivement adopté des positions favorables à une révision du traité colonial favorable aux pays d'Afrique sub-saharienne.

Maintenant que le général Al Sisi a retrouvé le contrôle sociopolitique de son pays, par un coup d'Etat institutionnel immédiatement suivi d'une répression impitoyable et inhumaine de toutes les forces de l'opposition et des médias contre le régime, le gouvernement du Caire reprend la guerre continentale pour la défense du fleuve sacré.

La stratégie actuelle est basée sur la reconstruction de l’alliance Caire-Khartoum, l’affaiblissement du blocus des États d'Afrique sub-saharienne et le réarmement de l’armée égyptienne en prévision d’une guerre continentale contre le Nil si le traité n’est pas maintenu ou si sa révision ne continue pas de garantir à l'Egypte une position hégémonique sur les eaux du fleuve Nil.

Le soutien financier au régime de Nkurunziza a été décidé dans le but de trouver un compromis entre les pays africains qui revendiquent la révision du traité pour obtenir une division plus équitable des eaux du Nil, dont certaines sources sont situées dans la région sud du Burundi à Rutovu en province de Bururi. En plus, l'Egypte sait que le Burundi de temps à autre assurera pendant un an la présidence de l'Initiative du bassin du Nil, une initiative diplomatique interrégionale parrainée par l'Union Africaine pour tenter de résoudre de manière pacifique le dangereux différend concernant le plus grand fleuve du continent. L'Egypte veut alors contrôler sinon influencer les décisions du Burundi dans cette Initiative interrégionale.

Dans les plans du Caire, le soutien financier offert non pas au Burundi mais au régime de Nkurunziza vise à créer des difficultés et des divisions politiques au sein du front africain sur le Nil et à renforcer la position du Caire maintenant que celui-ci a résolu les problèmes internes et reconstruit l'ancien alliance avec le Soudan.

L'objectif semble facilement accessible. Le régime de Bujumbura a immédiatement promis avec une déclaration publique que pendant sa présidence de l'Initiative du Bassin du Nil, il ferait tout son possible pour que toutes les voix de tous les pays intéressés à exploiter les eaux du Nil soient entendues. En fait, le régime a promis au Caire de renforcer la position égyptienne intransigeante aux dépens de celle exprimée par les pays africains.

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