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Les députés burundais glosent sur les fosses communes en plein carnage


Une des fosses communes au Burundi

Alors que la machine à tuer est plus huilée que jamais au Burundi et que les stratégies de lynchage physique des bannis sont montées avec une étonnante virtuosité (Cf. un cadre du Ministère de la Culture récemment zigouillé puis enterré dans sa parcelle), le parlement glose sur la gestion des fosses communes datant des dernières décennies.

La criminalité en cours est le cadet de leurs soucis.

Avec tout le respect qu’on doit à toutes les victimes de tous les temps ainsi que tout le mépris qu’inspirent les auteurs de ces tragédies, quelles que soient les périodes, l’absolu silence des institutions burundaises sur les crimes horribles en cours dans le pays relève de l’infamie.

C’est à se demander s’il ne s’agit pas d’une façon de les couvrir sans le dire.

Le récent débat sur les fosses communes au sein du parlement et sous la houlette de Pierre Claver Ndayicariye, président de la Commission vérité/réconciliation (CVR) n’aura donc abouti à aucune décision concrète.

Le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Agathon Rwasa (par ailleurs président du parti CNL), dont les militants sont quotidiennement tués, kidnappés ou arrêtés à la pelle, se demande comment panser les anciennes plaies alors que celles d’aujourd’hui sont encore horriblement béantes et fraiches.

«Tout en reconnaissant l’importance du devoir de mémoire, je me demande comment ce dernier sera exploité au Burundi dans un contexte actuel», a-t-il déclaré.

Intarissable de verve aujourd’hui comme hier, l’Ambassadeur Pierre Claver Ndayicariye, Président de la CVR s’en remet à la population.

«La vérité sur toute l’histoire des crimes qu’a connus le Burundi viendra de la population elle-même. La CVR leur donnera l’occasion de témoigner sur ce qu’elle a vu ou vécu», explique-t-il.

L’ancien vice-président de la République, Gabriel Ntisezerana recommande, quant à lui, la construction d’un site mémoriel.

«Il faut au moins qu’un site mémoriel des restes soit construit dans chaque province», a-t-il déclaré.

Pierre Claver Ndayicariye lui rétorque, illico, que la loi de novembre 2018 prévoit déjà la construction du «monument de la mémoire et de la réconciliation ».

Les députés ne savent que faire pour le moment.

Un brin gêné par cette impasse inattendue et visiblement à court d’idées, Pierre Claver Ndayicariye trouve une brèche dans l’actualité et évoque la prudence que recommande les prochaines élections. «Je lance un appel à la population pour que chacun surveille sa langue en cette période électorale : La guerre la plus dangereuse commence par les paroles», déclare le président de la CVR et ancien président de la CENI.

Tant mieux pour lui. Les deux casquettes lui vont toujours comme un gant. Le débat parlementaire finit en queue de poisson.

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