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Le procès Ndadaye : Plus un message du CNDD-FDD aux populations hutu que recherche de justice


Le premier président élu démocratiquement au Burundi est assassiné en Octobre 1993, quelques mois seulement après son investiture. Ses assassins, sans doute, sont des éléments de l’armée alors dominée par la minorité tutsie. D’une crise grave qui suivra la mort du président Ndadaye naitra la rébellion hutue du CNDD-FDD.

Au pouvoir depuis 2005, cette rébellion hutue, désormais transformée en parti politique n’avait pourtant pas affiché aucun intérêt dans cette affaire Ndadaye. Depuis la crise de 2015, déclenchée par la volonté de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat jugé illégal par son opposition, le CNDD-FDD décide de faire revenir un dossier qui était aux tiroirs depuis 1993.

L’assassinat du président Ndadaye est un crime crapuleux mais, il est un des crimes graves commis au Burundi depuis 1993. D’autres crimes haineux ont été commis depuis l’indpendence du pays. Pourquoi alors seul le dossier Ndadaye reçoit l’attention du pouvoir ?

Comme l’ecrit RFI, pour de nombreux spécialistes, le procès contre l'ancien président Pierre Buyoya et ses proches, tous issus de la minorité tutsi qui a dominé le Burundi pendant plus de trois décennies, est un signal fort lancé par l'ex-rébellion hutu du CNDD-FDD du président Pierre Nkurunziza, pour montrer qu'il a désormais tous les leviers du pouvoir entre ses mains.

Un regard sur la liste des accusées révèle justement un choix minutieusement fait par le parti au pouvoir pour renvoyer un message clair à son électorat hutu.

On compte parmi les accusés dont le procès a été ouvert ce mardi, quatre hauts gradés à la retraite. « Ils font partie d'un groupe de 20 caciques de l'ancienne oligarchie issue de la minorité tutsi, qui a longtemps dirigé le pays. Quels sont les enjeux de ce procès, à quelques mois d'une présidentielle dans ce pays qui rend fébrile le régime actuel même s'il semble contrôler le pays d'une main de fer ? », écrit RFI.

Revanche de Nkurunziza sur Buyoya qu'il accuse d'être derrière ceux qui le combattent

Arrivé à la tête de l'État à la faveur des élections de 2005, ce parti a dû partager le pouvoir avec ses anciens ennemis conformément à l'accord de paix d'Arusha.

Mais la crise de 2015 a tout changé. Quatre ans de répression sanglante ont permis au régime du président Nkurunziza d'être désormais seul maître à bord. « Il prend aujourd'hui sa revanche sur Buyoya qu'il accuse d'être derrière ceux qui le combattent », explique l'un de ces spécialistes.

Après 14 ans de pouvoir, le parti de Pierre Nkurunziza est touché par l'usure du temps, et le pays traverse une crise aiguë. Par exemple, 70% de la population vit aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté comme à son arrivée au pouvoir, à la fin de la guerre civile.

Le candidat du CNDD-FDD devra donc faire face à Agathon Rwasa, le leader historique de la plus ancienne rébellion hutu du pays, qui semble avoir le vent en poupe.

Le CNDD-FDD espère que ce procès va asseoir son leadership sur la communauté hutu « faiseuse de roi » au Burundi, selon les mêmes spécialistes.

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