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Quelles limites?: Comment les dirigeants africains s'accrochent au pouvoir depuis des décennies

  • burundidaily
  • 18 oct. 2019
  • 4 min de lecture

Encore une fois, un autre pays d'Afrique est plongé dans la tourmente simplement parce qu'un président au pouvoir depuis longtemps ne veut pas partir, choisissant plutôt de modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir.

La Guinée a éclaté cette semaine en protestation contre les propositions de rédaction d'une nouvelle constitution qui permettrait au président Alpha Condé de prolonger son mandat et de briguer un troisième mandat en 2020.

Si Condé essaye de rester, il copiera d'un livre de jeu établi en Afrique, où les présidents en place ont cherché, souvent avec succès, à rester au pouvoir en massacrant, en pliant ou en violant carrément des lois souvent destinées à garantir un transfert démocratique du pouvoir.

Voici la manière dont certains des plus anciens dirigeants africains ont réussi à rester au pouvoir ou tentent de le faire, réduisant ainsi l’espoir d’une aube de la démocratie en Afrique.

BURUNDI - Président Pierre Nkurunziza

Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, a annoncé en 2015 qu'il briguerait un troisième mandat, ce que ses adversaires considéraient comme une violation de la constitution qui n'autorisait les dirigeants à gouverner que pour deux mandats. Depuis sa réélection, des centaines de Burundais ont été tués dans des affrontements avec les forces de sécurité et un demi-million ont fui à l'étranger.

Un référendum en mai 2018 a approuvé à une écrasante majorité des modifications prolongeant la durée du mandat présidentiel à sept ans. En vertu de la nouvelle constitution, M. Nkurunziza est désormais en mesure de remplir deux mandats supplémentaires, prolongeant potentiellement son règne jusqu'en 2034. L'opposition a rejeté les résultats et les États-Unis ont déclaré que le processus avait été entaché d'intimidation par les électeurs.

CAMEROUN - Président Paul Biya

Biya, 86 ans et le plus âgé des dirigeants d'Afrique subsaharienne, a repris la présidence en 1982.

L'Assemblée nationale a adopté un projet de loi constitutionnelle en avril 2008, supprimant la limite présidentielle à deux mandats pour lui permettre de prolonger son règne au-delà de 2011. Il a remporté deux élections depuis mais les candidats de l'opposition ont dit que ces élections étaient frauduleuses.

TCHAD - Président Idriss Deby

Deby dirige le Tchad depuis son accession au pouvoir après un coup d'État de 1990. Un référendum de 2005 a supprimé une limite de deux mandats de la constitution.

Le Parlement a approuvé une nouvelle constitution en 2018 réimposant la limite de deux mandats, mais celle-ci ne sera pas appliquée de manière rétroactive, ce qui signifie que M. Deby pourrait remplir deux mandats après les prochaines élections en 2021, éventuellement jusqu'à 2033.

COMORES - Président Azali Assoumani

Le président, ancien officier de l’armée qui a pris le pouvoir pour la première fois lors d’un coup d’Etat en 1999, a remporté un référendum en 2018 pour prolonger la durée du mandat et mettre fin à un système de rotation des pouvoirs entre les trois principales îles de l’archipel au large de la côte est de l’Afrique.

Le vote lui a permis de briguer deux autres mandats de cinq ans. L'opposition a rejeté le référendum comme illégal.

CONGO - Denis Sassou Nguesso

La constitution en République du Congo a été modifiée par référendum en 2015, levant les limites de mandat et d'âge qui auraient empêché Nguesso de se représenter.

Il a remporté un nouveau mandat de cinq ans aux élections de 2016, bien que l'opposition ait rejeté le résultat, alléguant une fraude. Il a gouverné pendant quasiment cinq ans depuis 1979.

DJIBOUTI - Président Ismail Omar Guelleh

Les législateurs à Djibouti ont approuvé un amendement constitutionnel en 2010 qui permettait à M. Guelleh, au pouvoir depuis 1999, de briguer un troisième mandat. Il a remporté deux élections ultérieures.

GUINEE - Président Alpha Condé

Le second et dernier mandat de cinq ans de Condé expirera en 2020, mais le dirigeant de 81 ans a refusé d’exclure à nouveau sa candidature.

En septembre, il a demandé à son gouvernement d'examiner la possibilité d'élaborer une nouvelle constitution, craignant qu'il ne l'utilise comme un bouton de réinitialisation de sa présidence et redevienne candidat. Condé a été élu pour la première fois en 2010.

COTE D'IVOIRE - Président Alassane Ouattara

Ouattara, au pouvoir depuis 2010, a affirmé que l'adoption d'une nouvelle constitution en 2016 lui permettrait de briguer un troisième mandat dans la course à la présidence de 2020, car une nouvelle constitution signifierait que les deux premiers mandats ne comptent pas. Il n'a pas encore dit s'il se représenterait.

RWANDA - Président Paul Kagame

En 2015, les Rwandais ont voté pour l’extension de la limite de deux mandats de la Constitution. Selon les changements, Kagame pourrait demander un autre mandat de sept ans et deux mandats de cinq ans par la suite, pour éventuellement rester au pouvoir jusqu'en 2034.

Kagame, qui a remporté un troisième mandat en 2017, a été confronté à de nombreuses critiques pour ce que les groupes de défense des droits de l'homme qualifient d'abus généralisés, de musellement des médias indépendants et de répression de l'opposition politique. Il nie avoir mal agi. Il est arrivé au pouvoir en 2000.

TOGO - Président Faure Gnassingbé

Le Togo a modifié sa constitution en 2019 pour plafonner le mandat présidentiel à deux mandats de cinq ans, apparemment en réponse aux appels de l’opposition à la fin de la dynastie politique qui a débuté lorsque le père de Gnassingbé a pris le pouvoir lors d’un coup d’État de 1967.

Cependant, il ne tient pas compte des trois mandats que Gnassingbé a déjà remplis depuis son arrivée au pouvoir en 2005, le dernier en date se terminant en 2020. Il pourrait donc rester au pouvoir jusqu'en 2030.

OUGANDA - Président Yoweri Museveni

Museveni dirige l'Ouganda depuis 1986. Une clause limitant le nombre de mandats qui l'aurait empêché de briguer sa réélection a été supprimée de la constitution en 2005.

En 2017, les législateurs ont voté en faveur de la suppression de la limite constitutionnelle de l'âge du candidat à la présidence.

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