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Agathon Rwasa: une conversion en politique modéré ou fin «calculateur» et opportuniste politique?


Pierre Nkurunziza Vs Agathon Rwasa. Dession par JeuneAfrique

 

Quelles que soient les réalités de cette nouvelle dynamique, Rwasa semble maintenir une main sûre et présenter tous les signes d'un politicien modéré. Son discours est sans ambiguïté et est modéré. Il porte fièrement son bonnet de hutu mais ne semble plus (du moins publiquement) épouser son ancienne idéologie du «Hutu Power» .

 

Quand on regarde dans son passé lorsqu'il dirigeait une des plus ancienne rebellions hutues (FNL-PALIPEHUTU), on se rend compte qu'Agathon Rwasa est un extrémiste dangereux qui épouse l’idéologie du «Hutu Power». Un regards dans sa récente carrière politique montre qu'il est un opportuniste politique avisé et fin stratège.

Chef du mouvement rebelle des Forces nationales de libération des hutus, les Forces de libération nationales (FNL-PALIPEHUTU), il a participé à la guerre civile burundaise (1993-2004) contre le gouvernement burundais. Les FNL étaient une guerre de guérilla de moindre poids que celle du CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza, mais avec un programme politique plus extrémiste.

En 2002, les FNL se sont scindés en deux factions. Le premier dirigé par Rwasa et le second par le colonel Cossan Kabura.

Inséré dans la liste des organisations terroristes internationales pendant les années de guerre civile, le FNL de Rwasa n'a pas eu de scrupule à massacrer des milliers de Tutsis et à recourir largement à l'usage d'enfants soldats. Il était également responsable du massacre des réfugiés congolais Banyamulenge, survenu en 2005 à Gatumba.

Les deux factions du FNL étaient les deux seules guérillas à ne pas reconnaître les accords de paix d'Arusha, poursuivant la guerre contre le gouvernement provisoire hutu de Domitien Ndayizeye, puis contre le gouvernement de Pierre Nkurunziza.

Alors que la faction de colonel Kabura n'a signé aucun accord de paix et semble continuer de combattre le gouvernement Nkurunziza depuis ses bases du Sud-Kivu, la faction de Rwasa a signé la paix en 2006 et est devenue un parti politique en 2008. En 2010, Rwasa a essayé de se présenter comme candidat à l'élection présidentielle, mais Nkurunziza l'a entravé et le forcé à aller en cachette.

En 2015, Rwasa accepte finalement une alliance avec le régime du CNDD-FDD et devient le porte-parole adjoint du Parlement. Pour avoir accepté d'accompagner le CNDD-FDD, il a été nommé vice-président de l'Assemblée nationale.

Rwasa semble avoir abandonné la politique extrémiste du «Hutu Power»

Bien qu’apparemment en cohabitation difficile avec Nkurunziza, cette tension prend fin en février 2019, lorsque Rwasa établit le Congrès national pour la liberté (CNL), semble t-il dans le but de s'affirmer comme le vrai parti des hutus d'opposition tout en continuant à occuper son poste de vice président de l'assemblée nationale. Fin tacticien, Rwasa semble avoir abandonné la politique extrémiste du «Hutu Power» pour adopter une politique modérée, qui peut être acceptée par la communauté internationale. Ce choix n'a pas ete fait par hasard. Le pays manque cruellement de devises et l’économie plonge progressivement dans l’abîme.

En raison de la double nature complexe de Rwasa, personne ne peut être sûr qu'il aie réellement abandonné l'idéologie «Hutu Power».

Rwasa ne cache pas sa volonté de se présenter aux élections présidentielles de 2020. Son parti acquiert une grande influence parmi les masses hutues aux dépens du CNDD-FDD. Pour cette raison, depuis avril 2019, Nkurunziza a ordonné une campagne de terreur, tuant de nombreux cadres du parti et des militants de la CNL.

Dans une interview publiée par un journal local, Rwasa indique que l'objectif ultime du CNL est de prendre le pouvoir au Burundi. Un véritable défi contre son rival historique Pierre Nkurunziza.

Pour le discréditer auprès des masses hutues,le CNDD-FDD l'accuse d’être en contact avec le Rwanda et l'ancien président Pierre Buyoya, afin de former une coalition politique capable de remplacer le régime du CNDD-FDD, après une éventuelle intervention militaire extérieure. Cette stratégie ne semble pas marcher. La terreur et répression brutale contre les membres du CNL, surtout les mobilisateurs reste la seule arme dont dispose Nkurunziza pour freiner Rwasa.

Formation du vrai «Hutu Power» pour barrer la route a Rwasa

Une nouvelle formation politique qui épouse complètement et officiellement l’idéologie du «Hutu Power» vient compliquer l'archipel coloré et conflictuel des forces hutues burundaises. Un nouveau parti vient de naître. Le Mouvement des patriotes humanistes (MPH), fondé par Paul-Casimir Nicayenzi (nommé président de la nouvelle formation politique) et d'autres anciens membres du FNL-PALIPEHUTU de Rwasa, y compris Methusselah Nikobamye (aussi connu sous le nom de Pasteur Habimana), ancien porte-parole des FNL expulsé des FNL de Rwasa en octobre 2009 et defenseur des massacres contre les réfugiés Banyamulenge de Gatumba.

Le MPH fait référence à l'idéologie du «Hutu Power» et se pose en vrai successeur du PALIPEHUTU (Parti de libération du peuple hutu), qui revendiquait la prise du pouvoir par la majorité hutu par tous les moyens dont l'extermination de la minorité tutsie.

Le MPH a été agréé par le ministère de l'Intérieur le 19 septembre 2019 et a lancé ses activités politiques le 28 septembre 2019. Le MPH a pour objectif de recueillir les votes de tous les extrémistes hutus insatisfaits d'Agathon Rwasa, accusés d'avoir trahi la cause du «Hutu Power», en épousant des positions modérées ayant conduit à la naissance du CNL. Il pourra ainsi entrer en coalition avec le CNDD-FDD pour barrer la voie d’accès au pouvoir à Rwasa.

Bien que la majorité d'observateurs régionaux affirment que le MPH n'est rien de plus qu'une invention du dictateur Nkurunziza visant à affaiblir le parti d'Agathon Rwasa, il y en d'autres qui disent que la nouvelle formation politique bénéficie d'un financement caché visant à acheter le consensus populaire des hutus aux dépens des deux partis hutu, le CNDD-FDD et le CNL. Cependant, il existe des divergences quant aux vrais sources de ces financements du MPH. Il se dit que le nouveau parti extrémiste hutu aurait était récupéré par les terroristes FDLR rwandais pour créer un contre-pouvoir à Nkurunziza qui commence à créer une distance avec ces forces négatives désormais sous les viseurs de la coalition Kinshasa-Kigali.

Quelles que soient les réalités de cette nouvelle dynamique, Rwasa semble maintenir une main sûre et présenter tous les signes d'un politicien modéré. Son discours est sans ambiguïté et est modéré. Il porte fièrement son bonnet de hutu mais ne semble plus (du moins publiquement) épouser son ancienne idéologie du «Hutu Power» .

Si son pouvoir de star politique continue à augmenter, on peut s’attendre à ce que Nkurunziza resserre les vis autour du CNL et en particulier autour de Rwasa et de ses partisans..

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