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Musellement de la presse à moins de 8 mois des élections générales au Burundi: quatre journalistes d


Les journalistes du groupe IWACU arrêtés par la police

Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana, journalistes du Journal Iwacu, l'un des rares médias indépendants encore présents au Burundi, et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza, ont été arrêtés mardi 22 octobre à Musigati dans le nord ouest du pays. L'équipe de reporters était allée couvrir une attaque d'un groupe de rebelles burundais basé dans l'est de la RDC.

L'attaque a fait au moins 14 morts du côté des rebelles et une dizaine de membres des forces de sécurités d'après les bilans des deux cotés.

D'après les responsables du Journal Iwacu, ces journalistes ont été arrêtés à la mi-journée alors qu'ils étaient en train de recueillir des témoignages d'habitants qui fuyaient les combats. Ils ont ensuite été interrogés par la police judiciaire puis par le chef des renseignements de la région au commissariat provincial de Bubanza. Leurs téléphones portables ont été confisqués. Jusqu'à maintenant, aucune charge n'a officiellement été retenue contre eux.

Selon une source proche du dossier, ils ont été interrogés sur leur prérogative d'aller chercher de l'information partout sans autorisation préalable.

Plusieurs organisations internationales de défense de la liberté de la presse et des droits humains condamnent cette arrestation.

Reporters sans frontières, RSF, demande aux autorités burundaises de les libérer sans délai.

"Ces journalistes n'ont rien fait d'autre que leur travail en allant vérifier sur place les informations qui faisaient état d'affrontements armés", estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique.

En arrêtant ces reporters, ajoute-t-il, "c'est pour tenter de passer sous silence une actualité dérangeante, les autorités burundaises vont au contraire jeter la lumière sur le sort de ces journalistes détenus arbitrairement et sur les événements qu'ils étaient venus couvrir. Nous les exhortons à les libérer sans délai, à restituer leur matériel et à ne pas les associer à des protagonistes d'une actualité dont ils n'ont été que les témoins."

Ces défenseurs estiment qu'il est particulièrement difficile pour les journalistes burundais de traiter de ces sujets alors que le régime du président Pierre Nkurunziza ne laisse aucune place aux informations susceptibles de porter atteinte à ses intérêts.

Mercredi, la radio nationale a été empêché de parler de cette arrestation des Journalistes de Iwacu. D'ailleurs, une interview avec Léandre Sikuyavuga, directeur de la rédaction à Iwacu avait été enregistrée. Mais le contenu n'a pas pu être diffusé.

Pour ce Groupe de Presse Iwacu, le Conseil national de la communication l'a récemment accusé de "déséquilibre et calomnie". Le site du journal est régulièrement bloqué par les autorités.

L'un des journalistes de la rédaction, Jean Bigirirmana a été enlevé il y a plus de trois ans par les services de renseignements sans qu'aucune information ne soit donnée par les autorités. Sa famille est depuis lors en exil.

En 2015, l'annonce puis la réélection du chef de l'Etat pour un troisième mandat a plongé le Burundi dans l'une des pires crises de son histoire. Au moins 1200 personnes ont été tuées en quelques semaines lors des protestations qui ont émaillé le processus électoral selon la Cour pénale internationale.

Le paysage médiatique s'est considérablement appauvri. Des radios ont été brûlées, plus de 100 journalistes se sont exilés et les médias qui tentent de faire survivre une information indépendante sont sous pression permanente quand ils ne sont pas interdits.

C'est le cas de la BBC qui a décidé de fermer son bureau dans la capitale Bujumbura en juillet dernier faute de n'avoir pas pu trouver un accord pour faire lever sa suspension. Elle avait diffusé une enquête révélant l'usage de la torture par des agents de renseignement dans des centres de détention secrets.

La Voice of America quant à elle fait toujours l'objet d'une suspension prolongée sine die depuis le mois de mars.

Plus d'uns alertent que le verrouillage du paysage médiatique fait face au risque de disparition de toute forme de journalisme indépendant à moins d'un an de l'élection présidentielle prévue le 20 mai 2020.

D'autres estiment que ce genre de musellement de la liberté de la presse est un signal fort aux journalistes qui tenteront de couvrir efficacement le déroulement des prochaines élections ou ceux qui oseront dénoncer des fraudes électorales.

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