Pierre Nkurunziza, président du Burundi
Léonce Ngendakumana dénonce un montage visant à faire pression sur lui alors que son parti s’apprêtait à le désigner candidat à la présidentielle de 2020 – ce qui a été fait officiellement le 9 novembre.
Les déclarations qu'il a faites après sa nomination comme candidat du parti FRODEBU aux présidentielles de 2020, montrent bien que Léonce Ngendakumana, qui normalement n'hésite pas de dénoncer les abus du régime de Nkurunziza avait finalement opté de caresser le fauve (CNDD-FDD) dans le sens du poil en louant les avancées enregistrées sur le terrain des droits de l’homme par un régime qui venait d’enlever et emprisonner injustement son fils.
«Nous prévoyons un dialogue avec les partis CNDD-FDD et le CNL qui sont les deux forces les plus puissantes dans ce pays. Il faut que toutes ces forces soient canalisées vers un Burundi digne, uni, réconcilié et prospère», a déclaré l’opposant Léonce Ngendakumana, candidat du FRODEBU à la présidentielle de mai 2020 le jour de son élection pour représenter son parti aux présidentielles de mai 2020.
Élu sur un score de 82,5% des voix contre 17,5% pour Pierre-Claver Nahimana, Léonce Ngendakumana avait apparemment subit une pression intense de la part du CNDD-FDD. Jeudi dernier, donc deux jours avant les élections internes au FRODEBU, Lambert Bibonimana – fils de Léonce Ngendakumana - a été enlevé par des hommes à bord d’un véhicule aux vitres teintées, qui l'ont forcé à entrer dans l’auto alors qu’il rentrait chez lui.
Ayant appris l’enlèvement de son fils, Léonce Ngendakumana a appelé le jeune homme sur son portable qui a décroché avant que ses ravisseurs ne raccrochent et éteignent son téléphone.
Léonce Ngendakumana dit avoir retrouvé son fils dans les cachots du commissariat municipal, où il avait été amené et détenu, soupçonné d’implication dans l’attaque contre le chef de zone Muyira, à Kanyosha, assassiné le 25 octobre dernier. Lambert Bibonimana est accusé d’avoir organisé des réunions à la résidence familiale pour fomenter ce crime.
Léonce Ngendakumana dénonce un montage visant à faire pression sur lui alors que son parti s’apprêtait à le désigner candidat à la présidentielle de 2020 – ce qui a été fait officiellement le 9 novembre.
Quand on regarde bien les déclarations qu'il faites après sa nomination comme candidat du parti FRODEBU aux présidentielles de 2020, on remarque que Léonce Ngendakumaa avait finalement opté de caresser le fauve (CNDD-FDD) dans le sens du poil en louant les avancées enregistrées sur le terrain des droits de l’homme par un régime qui venait d’enlever et emprisonner injustement son fils.
Pourquoi cette pression contre Léonce Ngendakumana?
Sur l’échiquier électoral au Burundi, le parti FRODEBU, devenu l’ombre de lui-même, ne représente plus une menace concurrentielle, et surtout pas pour le tout-puissant CNDD-FDD. Pour que les autorités exercent des pressions sur lui, il doit y avoir d'autres considérations que la concurrence électorale.
Léonce Ngendakumana, vice président du parti FRODEBU et candidat aux présidentielles de 2020
La partie FRODEBU est pour le moment une entité fragmentée. De nombreux courants se disputent le contrôle du parti, mais Léonce Ngendakumana est restée la seule constance dans la vie du parti. D'habitude une voix sobre sur la scène politique burundaise, il a utilisé son éloquence et sa ténacité de manière stratégique pour rester pertinent dans un environnement politiquement difficile.
La raison de cette pression a toutes les caractéristiques des rivalités internes suscitées et orchestrées par le parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Le régime de Nkurunziza tente désespérément d'organiser un spectacle dans lequel il souhaite rapatrier les politiciens "de l'opposition" avant les élections présidentielles de mai 2020, pour convaincre la communauté internationale qu'il a la volonté d'organiser des élections libres et apaisées.
Le chef de ces leaders "d'opposition" choisis par le régime comme visages acceptables de l'opposition n'est autre que Jean Minina, un homme qui avait fragmenté le parti FRODEBU en créant une aile qu'il a appelée FRODEBU Nyakuri (authentique) avant que le régime de Nkurunziza, par l'intermédiaire de son ministère des Affaires intérieures, ne le lui confisque pour placer à sa tête Kefa Nibizi.
Pour que Minani retourne au Burundi et qu’il ait une pertinence politique, il doit avoir un foyer politique. Il semble que, dans le cadre de l'accord, le régime lui avait promis le parti (FRODEBU Nyakuri) et accepté de faciliter la réunification du parti de Melchior Ndadaye, et que sa direction confiée à Jean Minani.
Apparemment, face au refus de Léonce Ngendakumana de se laisser faire, le régime aurait concocté un montage pour faire pression contre lui en impliquant son fils dans un cas de meurtre d'un chef de Zone qui se trouve être de la province (Bujumbura Rural) natale de Léonce Ngendakumana.
Ainsi va le Burundi. Il est devenu un pays gouverné par un régime paranoïaque, qui voyant des ennemis partout ne tolère aucune compétition et se livre a un usage grotesque de montages et machinations politiques pour se créer des avantages politiques indus et un terrain de jeu politique qui est favorable.