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Burundi: HRW dénonce plusieurs abus connexes aux contributions volontaires pour les élections de 202


D'après l'ONG Américaine de défense de droits de l'homme, Human Rights Watch, les autorités locales et les membres de la ligue des jeunes très redoutée du parti au pouvoir du Burundi "ont extorqué des dons pour les prochaines élections de 2020, dans de nombreux cas par la menace ou la force". Human Rights Watch vient de sortir rapport intitulé "Nos enfants restent le ventre vide pour qu'on paye".

HRW documente une campagne orchestrée par le parti au pouvoir, CNDD-FDD, avec sa ligue des jeunes du parti et les autorités locales pour recueillir des contributions, volontaires dit-on, auprès de la population. Human Rights Watch a constaté que des personnes ont été forcées de payer plusieurs fois ou de payer plus que le montant officiellement demandé, ou qu'elles n'ont pas obtenu de reçu, ce qui a aggravé la situation.

"Les autorités locales et les membres des Imbonerakure exercent un niveau de contrôle terrifiant sur les déplacements et les activités de base de la population, comme l'achat de nourriture, la consultation d'un médecin ou l'accès à l'eau", a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch avant d'ajouter que la contribution aux élections a ouvert la porte à des abus incontrôlés.

Human Rights Watch affirme s'être entretenu avec plus de 80 personnes, dont 65 victimes d'abus. Ces victimes sont originaires de 13 des 18 provinces du pays.

La collecte de contributions de différentes manières, y compris des dons "volontaires", d'un montant de 2 000 francs burundais par foyer et de 1 000 francs burundais par étudiant en âge de voter, ainsi que le prélèvement direct sur les salaires des travailleurs du secteur public et des fonctionnaires. Cette collecte a été instaurée par une ordonnance du gouvernement datant de décembre 2017.

HRW indique que les membres des Imbonerakure, qui n'ont pas de rôle officiel au sein du gouvernement ni dans la perception des impôts, ont recouru à la violence et à l'intimidation pour extorquer de l'argent aux Burundais.

Le rapport indique que ces jeunes ont dressé des barrages routiers pour contrôler les reçus et ont restreint l'accès aux marchés, aux écoles, aux pompes à eau et aux services administratifs pour ceux qui n'avaient pas payé la contribution.

Les victimes ont indiqué que les membres des Imbonerakure dans les centres de distribution de denrées alimentaires gérés par des groupes d'aide avaient frappé des personnes, les avaient empêchées de recevoir des aliments ou leur avaient pris de force de la nourriture.

"Ils ont dressé des barrières partout afin que l'on ne puisse pas accéder à l'eau, aller au marché ou simplement se déplacer sans le reçu... J'ai payé uniquement pour pouvoir vivre en sécurité. Pour aller au marché, je passais par trois barrages routiers" a témoigné un homme de 23 ans de la province de Cankuzo, qui a été contraint de fuir en laissant sa famille derrière lui.

Human Rights Watch a aussi documenté des dizaines de cas en 2019 dans lesquels des membres des Imbonerakure, agissant parfois avec la police ou les autorités locales, ont été impliqués dans des meurtres, des disparitions, des arrestations arbitraires et des passages à tabac d'opposants politiques réels ou supposés.

En octobre dernier, quatre membres de la ligue des jeunes ont été reconnus coupables du meurtre d'un membre de l'opposition et condamnés à la réclusion à perpétuité.

Cependant, les Imbonerakure, qui sont souvent décrits comme ayant plus de pouvoir que la police, ont globalement échappé à la justice et ont rarement été tenus pour responsables des actes commis.

Le président burundais Pierre Nkurunziza a annoncé l'arrêt des collectes en juillet 2019, affirmant que l'objectif avait été quasiment atteint, mais que ceux qui souhaitent continuer à contribuer peuvent le faire. Human Rights Watch a constaté que les contributions aux élections sont toujours collectées, quoiqu'à une moindre échelle, alors que la ligue des jeunes et les autorités locales continuent de collecter d'autres "dons" pour le parti au pouvoir et pour d'autres projets locaux.

HRW recommande aux autorités burundaises de s'assurer que tous les Burundais, y compris les plus vulnérables, aient accès à une aide humanitaire vitale et que l'accès aux services publics ne soit pas refusé sur la base d'allégeances politiques réelles ou supposées des personnes et de leurs contributions aux élections.

Selon Human Rights Watch, le gouvernement devrait aussi traduire en justice les autorités locales, les policiers et les membres des Imbonerakure impliqués dans des violations des droits à la vie, à la sécurité, à l'alimentation, à la libre circulation, à la propriété et à l'absence de discrimination politique, ainsi que du droit à ne pas faire l'objet de mauvais traitements.

Aux organismes régionaux, HRW recommande d'augmenter leur surveillance en s'assurant que les observateurs des droits humains de l'Union africaine soient entièrement déployés au Burundi et obtiennent un accès sans restriction au pays.

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