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4ème commémoration des massacres du 11 et 12 Décembre 2015 commis à Bujumbura


Les témoignages des rescapés des massacres du 11 et 12 décembre 2015 sont accablants. Un jeune réfugié, d'une trentaine d'années, raconte son calvaire.

"Les 11 et 12 décembre 2015 pour moi, ce sont des dates noires, sombres" commence-t-il. "Je venais juste d'être surpris dans mon lieu de refuge, arrêté et conduit aux services de renseignement. J'ai été vite accusé d'avoir pris part à la bande de rebelles dont je ne connais même pas. J'y ai connu tous les malheurs du monde et j'ai vu la mort sourire devant moi après des séances de tortures" poursuit-il.

Comme par miracle, ce jeune homme est parvenu à s'échapper. Mais, il aura vu ses amis tués un à un. "La cellule de détention dans laquelle nous nous trouvions a été transformée en abattoir humaine" se souvient-il.

Apres un soupir, il continue son récit. "Nous étions en tout plus de 10 personnes, essentiellement des jeunes de mon âge, dans cette cellule. Et, nous ne sommes que deux à pouvoir survivre. D'autres ont été assassinés les uns après les autres" fait-il savoir.

Il n'est pas le seul à faire ce genre de témoignages. Celui-ci a perdu quatre de ses proches.

"Vers 6 heures, je suis sorti de chez moi à Musaga et j'ai vu les corps de mes amis Patrick, Abdoul, Aimé et Claude. Ils étaient allongés à même le sol, je ne pourrai jamais oublié ça, c'est gravé dans ma tête" raconte-t-il encore effrayé comme si c'était hier.

A l'époque, le porte parole de l'armée nationale le Colonel Baratuza a parlé d'un "groupe rebelle" qui a mené des attaques contre des camps militaires. Il a indiqué que l'armée et la police ont fait au moins 87 morts, dont quatre soldats et quatre policiers. Baratuza a fait aussi mention de 45 prisonniers et 97 armes saisies. Côté armée : huit soldats et policiers tués et 21 autres blessés selon Baratuza.

Selon toujours l'état-major, les attaquants du camp de Ngagara se seraient repliés vers le Sud, dans le quartier de Nyakabiga, tandis que ceux du camp de Musaga se seraient dispersés dans les rues alentour. D'où les cadavres retrouvés dans ces quartiers.

Cependant, à entendre les témoignages des rescapés, leurs récits décrivent de véritables scènes d'horreur.

"Il s'agit bel et bien d'exécutions extra-judiciaires. Les forces de l'ordre se sont introduites dans les concessions, et ont forcé les jeunes gens à sortir dehors, avant de les exécuter" laissent-ils entendre.

"Imaginez vous, certains ont été vu les bras attachés dans le dos, d'autres le crâne fracassé. C'est signe qu'ils ont été tués à bout portant" commentent certains rescapés qui sont en exil.

Un jeune de Jabe a indiqué avoir perdu beaucoup de connaissances. "Des amis d'enfance du quartier, des gens avec qui nous faisions du sport, des camarades de classes, des frères et soeurs ont été sauvagement exécutés. D'autres encore ont été portés disparus. Et d'autres ont été mis dans des fosses communes" dit-il.

Les activistes de droits humains parlent de massacres et exactions extrajudiciaires. C'est le cas du président de l'ONG locale FOCODE, Pacifique Nininahazwe qui évoque un crime odieux. "Il s'agit d'exécutions extrajudiciaires et d'assassinats de beaucoup de jeunes dans les quartiers contestataires contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. A ces assassinats et exécutions s'ajoutent aussi des cas de viol de jeunes filles" dit-il.

Selon lui, le nombre de jeunes assassinés dépassent de loin les chiffres avancés par l'armée. "Il y a eu beaucoup de chiffres avancés, certains ont parlé de 300 personnes tuées. L'armée a d'abord reconnu avoir maîtrisé l'attaque mais de nombreux cadavres avaient été découverts le matin-même des attaques dans les quartiers de Bujumbura" indique-t-il.

Amnesty International évoque l'existence de fosses communes, ce qu'une commission mise en place par le procureur avait nié. Mais fin 2015, les autorités Burundaises ont expliqué et affirmé avoir enterré plusieurs dépouilles précipitamment, officiellement pour éviter les maladies.

La communauté de réfugiés burundais à Kigali au Rwanda ont entamée depuis ce mercredi 11 décembre une période commémorative de deux jours. Ces réfugiés réclame que les responsabilités pénales soient établies et que justice soit faite.

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