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Départ de Nkurunziza en 2020: Une opportunité de changer le trajectoire


Nkurunziza Pierre président du Burundi

Bien que peu de gens le croient, Nkurunziza a clairement indiqué qu'il n'a pas l'intention de briguer un nouveau mandat lors des élections de 2020.

S'il respecte sa parole et part en 2020, le CNDD-FDD en tant que parti et système politique a la chance de se racheter et de changer le cours de l'histoire.

Mais tout d'abord, le parti doit reconnaître que ce qui a été accompli de 2005 à 2020 est loin d'être extraordinaire pour un système qui se voulait révolutionnaire.

Une grande partie de "grandes" réalisations dont le parti peut se vanter sont d'ordre politique.

Bien que ces changements politiques soient bien compris dans les cercles des purs et durs au sein de la machine du parti, la plupart des membres de sa base (hutue) ont très peu de compréhension des changements sismiques que le CNDD-FDD a réussi à imposer contre une résistance bien orchestrée par la "vieille"opposition (tutsie).

Par une combinaison de stratagèmes trompeurs, intelligents et de force brute, Nkurunziza et son cercle d'amis (dont la plupart d'anciens rebelles) ont réussi à défaire les garanties d'Arusha et à finalement mettre en marche un processus qui mettra bientôt fin à cet accord.

Ces garanties de l'accord d'Arusha étaient perçues comme des facteurs limitant la «révolution» et entravant essentiellement l'émancipation de la population hutue.

L'accord d'Arusha était et est toujours vu par les éléments les plus radicaux au sein du CNDD-FDD comme un obstacle au démantèlement complet de l'ancienne domination de la minorité tutsi sur les hutus qui constituent la majorité des 11 millions de burundais.

Ce démantèlement de l'ancien système est la vraie raison pour laquelle une nouvelle constitution a été forcée par référendum. Ce processus est considéré par beaucoup d'experts comme un coup d'État politico-constitutionnel, une tactique qui est malheureusement trop courante dans la plupart des pays africains.

Sur le plan économique, le bilan du parti est un désastre total. Même avant la crise de 2015 qui a entraîné l'arrêt de l'aide étrangère, l'économie se développait à un rythme très anémique.

Pour justifier ce manque de croissance économique, le parti a exploité les anciennes tensions ethniques en faisant croire aux masses hutues que la minorité tutsi continue de dominer l'économie, empêchant ainsi les masses hutues de progresser économiquement. Cette exploitation cynique des vieilles blessures sociales du pays pour justifier une terrible gestion économique marche pour l'instant mais combien de temps cela va-t-il durer?

Au-delà de de la gratuité de l'éducation primaire et des soins de santé maternelle et infantile que l'État ne pouvait d'ailleurs pas supporter financièrement, le CNDD-FDD a très peu de réalisations à montrer pour ses 15 ans de pouvoir.

Angola et le MPLA: une leçon pour le Burundi et le CNDD-FDD

Le départ de Nkurunziza en 2020, comme celui de Dos Santos en Angola, est une occasion en or pour le parti de tracer une nouvelle voie et peut-être de chercher à monétiser et profiter des programmes financiers dédiés aux états fragiles et post-conflit.

João Manuel Gonçalves Lourenço, le nouveau président de l'Angola

Les résultats des prochaines élections ne sont un secret pour personne. Le parti CNDD-FDD n'est pas prêt à renoncer au pouvoir et n'a donc pas l'intention d'organiser une compétition politique équitable au Burundi.

Celui qui prendra le contrôle du parti après Nkurunziza sera le patron au pays. Sauf surprise de dernière minute, et comme c'est le cas aujourd'hui, le parti devrait garder le contrôle de tous les leviers de pouvoir au Burundi.

Mais comme vient de le démontrer João Manuel Gonçalves Lourenço, le nouveau président angolais; avec un peu de courage et de vision, tout système peut être optimisé et modifié.

En effect, le parquet général angolais vient d'annoncer qu’un tribunal de Luanda chargé d’une enquête pour corruption avait ordonné le gel des comptes bancaires et des actifs d’Isabel dos Santos, présentée comme la femme la plus riche d’Afrique. Selon la justice, celle que les Angolais appellent la « princesse » est soupçonnée, avec son époux le Congolais Sindika Dokolo et l’homme d’affaires portugais Mario da Silva, d’avoir détourné plus d’un milliard de dollars d’argent public.

João Lourenço l'actuel président Angolais est un ancien combattant du MPLA. Il a combattu contre la domination portugaise et a servi comme ministre de la défense au sein du gouvernement du président dos Santos.

Très peu de gens s'attendaient à ce que le nouveau président s'en prenne à la famille et aux alliés de dos Santos l'ancien président et patron.

Tout comme les généraux proches de Nkurunziza amassent une richesse énorme aux dépens des masses populaires, Dos Santos avait permis à ses amis et à sa famille d'amasser d'énorme quantités de richesses tirées des coffres du gouvernement.

Isabel dos Santos, a été sous le régime de son père la PDG des entreprises les plus rentables et stratégiques d'Angola. Elle a été successivement à la tête de la compagnie pétrolière nationale et de la compagnie diamantaire d'Angola.

Lorsque Dos santos a décidé de prendre sa retraite, il a lui-même choisi son successeur. S'il s'attendait en contrepartie à une protection pour lui-même, sa famille et ses alliés, l'action légale contre sa fille le décevra.

Personne ne doute que Nkurunziza choisisse également lui-même son successeur. S'il ne parvient pas à propulser sa femme à la tête du parti de l'aigle, rien ne garantit que les choses ne se déroulent comme en Angola.

Son successeur pourrait choisir de tracer une nouvelle voie pour le pays, loin de la corruption et du clientélisme, vers une gouvernance plus disciplinée et orientée, vers le développement économique comme l'a fait le FPR au Rwanda voisin.

Comme le MPLA et son nouveau patron semblent tourner l'Angola contre la corruption, il y a espoir aussi que si Nkurunziza part, le Burundi puisse se remettre sur les rails du développement.

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