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Derrière le simulacre d'attaque de Gahuni, un plan bien affiné pour liquider des Tutsis déjà ciblés



Sur la prétendue attaque rebelle de Gahuni renseignée dimanche dernier dans la commune de Bugarama, province de Rumonge, le gouvernement burundais ne pipe mot, près d'une semaine après.

Malgré le lourd bilan humain dans les rangs des civils innocents, le mot d'ordre reste épouvantablement ahurissant : Silence radio. Motus bouche cousue. Pourquoi ? Là comme ailleurs, le diable est dans les détails mais tout finira par se savoir.

L'Etat rassembleur et laborieux dont se gargarise le nouveau chef de l'Etat à longueur de discours se mure dans le silence.

Pendant ce temps, passé le feu de l'action, tirs nourris, arrestations, égorgements...les proches des victimes sont inconsolables : ils comptent, pleurent et enterrent les leurs dans une totale affliction.

Tout s'est fait d'abord dans la confusion et la précipitation, ensuite avec la certitude que, finalement, les morts ou disparus ne l'ont pas été par hasard. En effet, les uns et les autres avaient ceci de commun qu'ils étaient, quasiment, tous des tutsis vivant déjà dans la localité ciblée et originaires de la région, sinon de la commune de Mugamba. A priori, il ne s'agirait donc pas des rebelles.

Si cela est avéré, le mouvement RED-TABARA devra rapidement revoir sa copie et se garder, à l'avenir, de commenter, même en se victimisant, des massacres dont il ignore peut-être encore les tenants et les aboutissants. Malgré son communiqué qui, pour éclairer la lanterne du citoyen Lambda semble indiquer qu'il est allé vite en besogne en s'érigeant comme la cible initiale de cette attaque, certains faits têtus prouvent qu'il y avait aussi d'innocents citoyens dans le viseur, d'autres cibles choisies à dessein. Des Tutsis non armés et étrangers à RED-TABARA ont été froidement mitraillés. Que ce soit ceux qui ont été arrêtés ou surpris dans leur cache par le cocktail toxique de policiers, militaires et autres Imbonerakure.

Conscient de son plan bien affiné, le gouvernement a alors opté pour un silence assourdissant. Mais RED-TABARA a cru lui damer le pion en se fendant d'un communiqué avec un bilan à l'appui. Apparemment, il s'est emmêlé les pinceaux. Les victimes sont connues et les leurs les enterrent et sont en deuil. Mais en dépit de l'horreur et de la bestialité ambiante, les parents et autres proches des disparus devaient prendre leur courage à deux mains et crier.


Dénoncer le silence épais qui entoure cette boucherie humaine. Ce génocide qui ne dit pas son nom et que le monde libre ignore toujours. Nous les exhortons à prendre leur courage à deux mains pour saisir les défenseurs des droits humains afin de dénoncer ce pogrom. C'est à cela que le régime CNDD-FDD saura qu'il ne pourra pas continuer à décimer des tutsis à huis clos et impunément.

Manifestement, l'attaque présumée aurait été un excellent prétexte pour se débarrasser de quelques tutsis, ennemis nés des hutus qui tiennent le haut du pavé.

Certainement que demain, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Le message est limpide comme l'eau de roche. Les tutsis qui pensent que le pire est derrière eux devaient se raviser au lieu de baisser la garde.

Comme dit plus haut, au vu de l'identité des victimes, il y a lieu de se poser toute une gamme de questions : pourquoi les victimes de Gahuni sont-elles, toutes ou presque, des tutsis ? Pourquoi les tueurs ont-ils ciblés les tutsis de Mugamba ? Pourquoi l'armée, les Imbonerakure et la police ont-ils poursuivi jusqu'à décimer de paisibles tutsis qui avaient tenté de fuir les tirs en direction de la région de Mugamba ?

L'attaque de Gahuni aura eu le mérite de lever un coin de voile sur la persistance d'un plan de génocide contre les tutsis du Burundi au moment où, après les élections de 2020, le monde semble bien s'émouvoir des avancées du régime sur le terrain de l'humanisation et de la réconciliation.

Comme pour noyer le poisson, le chef de l'Etat Evariste Ndayishimiye a enjambé des cadavres tutsis fraichement mitraillés pour aller primer, ce mercredi, un tutsi, en l'occurrence un certain Bernard Biranyuranwa, pour ses projets porteurs dans la province de Bururi.

« Les autres opérateurs économiques ont investi ailleurs, bravo à toi Biranyuranwa », a déclaré le nouveau Président burundais. Il sied de rappeler que si, officiellement, le Chef de l'Etat fond en larmes devant l'immensité du travail abattu par Bernard Biranyuranwa, officieusement, il n'hésite pas de missionner sa police pour larguer des grenades dans un bar bondé de clients tutsis. Feu Hicuburundi Joseph (alias Mugamba) a péri dans de telles circonstances.

Ainsi donc, si les tutsis ont du mal à décrypter le discours officiel des autorités qui charrient à la fois la haine et l'appel au meurtre des tutsis, il y a des mots et autres slogans en vogue qui ne nécessitent pas un fin linguiste pour en comprendre la portée sémantique. Ainsi, un certain Kaburimbi de Matana a-t-il fait les frais de « kora » de Réverien Ndikuriyo, ancien Président du Sénat. Révérien Ndikuriyo a publiquement mis sa tête à caution pour 5 millions de Fbu. Le régime a bien d'autres slogans fétiches pour illustrer sa vision manichéenne de la société burundaise. N'a-t-il pas mis d'un côté le Benegihugu (bons) et de l'autre les Banyagihugu (mauvais) ? De tels exemples sont légion.

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