Au lendemain d’un hold-up électoral qui laisse les Burundais sans voix, Pierre Claver Kazihise a le sentiment du devoir accompli.
Le parti CNDD-FDD qu’il a juré de maintenir au pouvoir vient de s’y maintenir encore pour sept longues années, en dépit de sa calamiteuse gestion du pays au cours des quinze dernières années.
Pourtant, de l’avis de nombreux observateurs, le parti CNL du principal opposant, Agathon Rwasa, a été largement plébiscité dans les urnes et dans les quatre coins du Burundi. Sauf que la CENI a eu recours aux bourrages d’urnes en faveur du CNDD-FDD.
Dans certains centres de votes, les commis de Pierre Claver Kazihise ont dépassé les limites comme s’en étonne le CNL, notamment en province de Muyinga.
«La manipulation des PV des résultats continue: en province de Muyinga, le président de la CECI est très inquiet du dépassement énorme des voix exprimées par rapport aux inscrits. Il cherche en vain l'intervention de certains observateurs des partis politiques pour modifier les chiffres», a annoncé via son compte twitter le parti CNL.
Tel un voleur qui a hâte de cacher sa prise, Pierre Claver Kazihise s’est empressé à donner la tendance en faveur de son mentor Evariste Ndayishimiye, candidat du parti au pouvoir.
En effet, alors que les résultats provisoires étaient attendus au plus tôt ce vendredi, les électeurs ont eu la surprise d’entendre ce jeudi soir au journal télévisée, la Synergie des médias, supervisée désormais par le ministère de la Communication, annoncer les résultats d’un peu plus de 12% des communes burundaises.
Le score attribué au candidat du CNDD-FDD est sans appel : près de 80%, contre moins de 20% pour son principal adversaire.
Bien que ces résultats restent encore très peu significatifs, ils donnent la tendance et constituent un appel du pied fait aux autres démembrements locaux de la CENI.
Comme d’aucuns s’y attendaient, Agathon Rwasa les rejette en bloc :
« Je les rejette, ce sont des résultats fantaisistes, ils ne collent pas à la réalité », a-t-il tonné, assurant avoir à sa disposition des « preuves » de ce qu’il avance.
Il s’agit dit-il, d’une partie des procès-verbaux de dépouillement des 14 000 bureaux de vote, que son parti a pu recueillir mercredi soir, juste après le comptage des voix. Puis il a revendiqué sa victoire pour les trois scrutins en jeu. La CENI reste muette face à son coup de gueule.