top of page
  • burundidaily

Le CNDD-FDD, maître de la stratégie du fait accompli



« La clé de la stratégie du fait accompli est d’agir rapidement, sans discuter. Si vous affichez vos intentions avant de passer à l’acte, vous vous exposez à un déluge de critiques, d’analyses et de questions. (…) Pour éviter cela, saisissez-vous de votre cible sans ambages, et la discussion est close. Tôt ou tard, selon la même logique, vous franchirez une nouvelle étape (…). Votre rival, cette fois s’inquiétera. Il commencera à comprendre.(…) Quand votre but deviendra évident, quand vos ennemis regretteront leur pacisfisme et songeront à se battre, vous aurez déjà changé la donne(…). »

Cette stratégie a été magistralement déployée par Pierre Nkurunziza et ses alliés les plus proches pour tout d'abord expulser du parti tous les intellectuels qui s'étaient rebellés contre le troisième mandat de Nkurunziza, deuxièmement pour réprimer brutalement toute opposition interne et toutes les voix critiques, troisièmement, pour ignorer et intimider toutes les organisations internationales et pays qui avaient traditionnellement joué un rôle important dans le financement du budget et résolutions des conflits du Burundi, et enfin pour humilier l'opposition qui avait rassemblé dans une plateforme politique (le CNARED) tous les opposants au troisième mandat de Pierre Nkurunziza.


Malgré ce coup de maître, le pays a continué de sombrer dans un état politique et économique très catastrophique.

Pierre Nkurunziza a rapidement compris qu'il ne pouvait pas continuer d'avancer et a déployé un de ces coups les plus magistraux à ce jour: il a déclaré qu'il ne se représenterait plus pour un autre mandat. Ce coup a pris la puce de négociation de l'opposition, ce qui a entraîné un effondrement complet des négociations qui avaient été initiées par l'EAC.


Son intransigeance et son caractère impitoyable ayant neutralisé presque toutes les entités qui étaient contre sa politique et ses impulsions totalitaires, Pierre Nkurunziza, sous-estimant la force de l'opposition des burundais aux impulsions dictatoriales qui ont englouti le CNDD-FDD, un parti autrefois considéré (en particulier dans les sphères des masses hutues), comme une organisation politique attachée à la libération et à la démocratie, il a permis à Agathon Rwasa de créer un nouveau parti et même de se présenter contre le candidat du CNDD-FDD aux élections présidentielles.


Maintenant, face à un Agathon Rwasa extrêmement populaire et à une population désireuse de tourner la page de la dictature et ayant perdu un triple scrutin gagné par Agathon Rwasa selon les premières données qui ont secrètement filtré des démembrements locaux de la commission électorale indépendante, cette politique de la stratégie du fait accompli est entrain d'être déployée par le même cercle qui contrôle le parti au pouvoir et le pays.


Un black-out des réseaux sociaux pour entraver la circulation de l'information


Cette stratégie du fait accompli fonctionne mieux lorsqu'il y a un manque d'informations factuelles. Et c'est exactement pour cette raison qu'un black-out des réseaux sociaux a été institué par le régime au pouvoir. Dans les plans originaux orchestrés par le régime CNDD-FDD,le black-out des communications avait pour mission d’empêcher la diffusion des données des résultats des opérations de dépouillement des différents bureaux de vote.


Cependant, grâce à l'usage des réseaux privés virtuels (VPN) les résultats provisoires de dépouillement d'au moins 48% des bureaux de vote nationaux ont filtré le soir du 20 mai et largement diffusés sur les réseaux sociaux qui ont été rétablis le 21 mai.

Profitant de cette fermeture des médias sociaux et de l'absence de tout média indépendant, le régime a permis au diffuseur national (contrôlé par un ancien chef de la milice imbonerakure) de communiquer des résultats partiels des bureaux de vote locaux.


Bien que les résultats qui ont filtré des bureaux de vote montrent un net avantage pour Agathon Rwasa, le candidat de l’opposition et leader du Congrès National pour la Liberté – CNL, les résultats qui sont entrain d'être relayés par le RTNB et que M. Agathon Rwasa qualifie de fantaisistes, présentent Général Evariste Ndayishimiye, le candidat soutenu par le régime et dauphin du président Pierre Nkurunziza comme vainqueur.


Il s'agit clairement d'une stratégie de communication et de manipulation qui vise à préparer les esprits à accepter des résultats falsifiés sans rapport avec les résultats réels du vote.


Malgré la confusion, la peur et la panique qui s'installent, la CENI et son président se terrent dans un silence assourdissant.


Les rumeurs filtrant du cercle restreint de l'élite civile au pouvoir et des généraux influents de l'armée révèlent certaines des tactiques que le régime veut adopter pour forcer son candidat choisi comme prochain président du Burundi. Nous reviendrons sur ces révélations dans notre prochain numéro.



bottom of page