Le message que le général Evariste Ndayishimiye, nouveau président burundais, vient d’adresser à la communauté nationale et internationale à travers la nomination des 18 gouverneurs de provinces est limpide comme l’eau de roche : son premier septennat sera placé sous le signe de la terreur et de la répression.
En effet, 5 sur les 18 gouverneurs (27,8%) approuvés par le Sénat burundais ce vendredi sont des officiers supérieurs de l’armée et de la police. Une première depuis la fin de la guerre civile.
La junte de généraux issus de l’ex-rébellion du Cndd-FDD aujourd’hui au pouvoir vient donc d’annoncer la couleur.
Au lieu de remonter la pente comme d’aucuns le lui souhaitaient, le Burundi risque de poursuivre sa descente aux enfers et de se retrouver bientôt au fin fond du précipice.
Outre cette volonté manifeste de sortir les griffes acérées du régime pour tuer dans l’œuf toute velléité contestataire, Evariste Ndayishimiye lance un message tout aussi limpide à l’opposition interne et externe.
Ceux du dedans qui, depuis fin avril 2015, incarnent l’épicentre de la contestation du 3ème mandat du Président défunt Pierre Nkurunziza (dont Ndayishimiye se prétend héritier) vont la boucler définitivement par la force du canon. Cette séquence comprend naturellement les provinces de Bururi, Mwaro et la Mairie de Bujumbura.
C’est ainsi que la Mairie de Bujumbura revient au général de brigade Jimmy Hatungimana, jusqu’ici Commissaire général de la PAFE. Le Colonel Léonidas Bandenzamaso est à la tête de la province de Bururi tandis que le Colonel Gaspard Gasanzwe s’occupera de la province de Mwaro.
Point n’est besoin de rappeler que ces circonscriptions administratives constituent aussi le vivier des voix de l’opposition, d’Agathon Rwasa en l’occurrence lors du triple scrutin de mai 2020.
En outre, ceux de l’extérieur, en particulier les opposants en exil au Rwanda voisin, sont dorénavant avertis : toute tentative d’incursion rebelle ou assimilée sera neutralisée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
C’est ainsi que les provinces de Kayanza et Cibitoke, frontalières du Rwanda sont commandées par deux hommes en treillis.
Le Colonel Rémy Cishahayo devient gouverneur de la province de Kayanza tandis que celle de Cibitoke est placée sous l'autorité de l'OPC1 (Colonel) Carême Bizoza.
Reste que la quasi-totalité des nouveaux gouverneurs de provinces sont des hutus. Un autre message qui, sous l’ère Ndayishimiye, n’augure pas une gestion inclusive des affaires publiques pour la communauté ethnique tutsie.
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