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Sans «Guide Suprême du patriotisme», Evariste Ndayishimiye sera, enfin, libre de décider



Après l’aval officiel de la Cour constitutionnelle, le futur Président burundais, Evariste Ndayishimiye, s’apprêterait à prêter serment en catastrophe ce jeudi le 18 juin.

La disparition surprise du Président Pierre Nkurunziza semble précipiter les choses en sa faveur quoiqu’il le taise officiellement.


Au bout de trois mandats consécutifs de cinq ans chacun (dont le dernier aura été illégal et ravageur), Pierre Nkurunziza, 55 ans, devait rester en fonction jusqu'au 20 août prochain, date d'investiture solennelle de son successeur, le général Évariste Ndayishimiye, 52 ans, issu comme lui du parti au pouvoir et vainqueur de la présidentielle du 20 mai.


Le destin tragique du Président Nkurunziza fait que son dauphin chausse les crampons plus tôt que prévu. Le successeur de Pierre Nkurunziza devra batailler ferme pour permettre aux Burundais de remonter la pente.


Criminalité, corruption, économie en berne, gel de la coopération avec l’Occident, des centaines de milliers des réfugiés à l’extérieur…..le successeur de Pierre Nkurunziza hérite d’un pays déchiré par la crise du 3ème mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza, un mandat jugé illégal par l’opposition et la société civile.

Le défunt président, Pierre Nkurunziza, devait rester à la fois Guide suprême du patriotisme et président du conseil des sages, organe suprême du parti au pouvoir. Il transcende en cela le chef de l’Etat. Son influence était plus que probable.

Sa disparition surprise libérera, peut-être, Evariste Ndayishimiye, son successeur, de l’emprise du «Guide suprême du patriotisme» et Président du Conseil des sages du parti CNDD-FDD, qu’il allait rester même en dehors du palais conformément à une loi adoptée le 10 mars 2020.


Cette loi fait l’éloge de Pierre Nkurunziza et lui accorde ce nouveau statut «en guise de reconnaissance de son engagement, de son dévouement exceptionnel à la défense de la souveraineté nationale, à l’éveil de la conscience des Burundais en se basant sur la primauté de Dieu, valeur ancestrale du Peuple burundais et à l’amour de la patrie».


Dans son for intérieur, le général Evariste Ndayishimiye sait pertinemment que Pierre Nkurunziza allait peser dans la gestion des affaires de l'État.


C’est ainsi que dès son élection, il s’est publiquement engagé à ne jamais s’écarter de la ligne déjà tracée par Pierre Nkurunziza. «Je mettrai mes pas dans les siens, je serai toujours à son écoute», a-t-il déclaré lors d’un point de presse en février dernier.

C’est aussi l’avis des militants du parti. «Le dernier mot devrait être celui de Pierre Nkurunziza qui allait rester l’homme fort du système», fait remarquer sous signe d’anonymat un cadre du parti présidentiel.


Son absence physique pourrait donc changer la donne. «Pierre Nkurunziza devrait être une référence pour tout car le titre de Guide suprême n'a pas de limite, demain Evariste Ndayishimiye pourra prendre des décisions et les assumer», susurre un autre militant du parti au pouvoir. «Son décès inopiné va donner au futur président une plus grande marge de manœuvre, et vous savez qu’il est attendu sur beaucoup de questions», ajoute-il.


Selon des observateurs, la seule épée de Damoclès qui lui reste est celle du petit cercle de généraux, dont il est aussi issu, qui constituera toujours le pouvoir caché et le véritable centre de décision.

Cette clique de généraux proches du président décédé Pierre Nkurunziza occupe des positions stratégiques et conserve une influence considérable.


Il s'agit, entre autres, d'Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité publique; Étienne Ntakarutimana alias Steve, ancien chef du service national de renseignement, aujourd'hui chef de cabinet militaire à la présidence; Prime Niyongabo, chef d'état-major des Forces de défense nationale; Gabriel Nizigama alias Tibia, chef de cabinet civil à la présidence; Silas Ntigurirwa, ancien secrétaire permanent du Conseil national de sécurité; Emmanuel Miburo alias Komater, directeur de l'Institut national de sécurité sociale (INSS); et Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika («Je vais te tuer» en kirundi), chef du service national de renseignement.


Manifestement, même en l’absence de Pierre Nkurunziza, la volonté du futur président Evariste Ndayishimiye d’introduire des réformes importantes dans des domaines plus sensibles tels que les libertés civiles pourrait dépendre de cette clique de généraux.


Mais d’aucuns estiment que l’étau se desserre un peu avec la disparition du Guide Suprême du Patriotisme.


«S’il choisit bien ses conseillers, il pourrait progressivement orienter le pays dans une direction positive», fait remarquer un proche de Ndayishimiye.


D'autres, soulignant le fait que Ndayishimiye est un catholique pratiquant (la religion majoritaire au Burundi), estiment que ses liens avec les chefs religieux pourraient avoir une influence positive, malgré des tensions récentes entre le CNDD-FDD et l'Église catholique.



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